Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui complique profondément le quotidien de millions de personnes, mais une avancée scientifique récente pourrait changer la donne. Des chercheurs chinois ont en effet réussi à reprogrammer des cellules adipeuses d’une patiente pour les transformer en cellules productrices d’insuline.
Qu’est-ce que le diabète de type 1 ?
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune chronique, ce qui signifie qu’elle résulte d’une défaillance du système immunitaire. Normalement, notre système immunitaire défend le corps en attaquant les agents pathogènes, comme les virus ou les bactéries. Toutefois, chez les personnes atteintes de ce type de diabète, le système immunitaire se retourne contre les cellules bêta du pancréas. Or, ces cellules, situées dans des amas appelés îlots de Langerhans, sont responsables de la production d’insuline, une hormone essentielle au métabolisme du glucose.
L’insuline joue un rôle vital dans le corps : elle agit comme une clé qui permet aux cellules de capturer le glucose présent dans le sang et de l’utiliser comme source d’énergie. Lorsque les cellules bêta du pancréas sont détruites, la production d’insuline s’arrête ou devient insuffisante. Le glucose reste alors dans la circulation sanguine, ce qui provoque une hyperglycémie (lorsque le taux de sucre dans le sang trop élevé).
Or, un taux de sucre élevé prolongé a des effets néfastes. À court terme, il peut en effet provoquer de la fatigue, une soif excessive, une perte de poids involontaire et des troubles de la concentration. À long terme, si la glycémie reste mal contrôlée, le diabète peut endommager de nombreux organes, notamment les yeux, les reins, le cœur, les nerfs et les vaisseaux sanguins. Des complications graves comme les maladies cardiovasculaires, l’insuffisance rénale et même des amputations peuvent survenir. Dans les cas extrêmes, l’absence totale d’insuline peut même provoquer une acidocétose diabétique, une maladie potentiellement mortelle où le corps utilise les graisses comme source d’énergie, libérant ainsi des cétones acides dans le sang.
Une gestion quotidienne complexe
Les personnes atteintes de diabète de type 1 doivent surveiller leur glycémie de façon constante pour éviter les hausses et les baisses excessives. Plusieurs fois par jour, elles doivent contrôler leur taux de sucre dans le sang, généralement à l’aide de glucomètres, et ajuster leur dose d’insuline en fonction de leurs besoins.
Cette insuline est injectée par des stylos injecteurs ou administrée par des pompes à insuline, ce qui aide à imiter le fonctionnement du pancréas, mais reste imparfait. En effet, il est difficile de maintenir un équilibre glycémique optimal, car les niveaux de glucose peuvent être influencés par une multitude de facteurs tels que l’alimentation, l’exercice physique, le stress et même les variations hormonales. En conséquence, bien que les injections d’insuline soient vitales pour les patients, elles n’éliminent pas complètement les risques de complications graves, surtout à long terme.
C’est la raison pour laquelle la recherche de traitements plus durables est cruciale. Cela vise non seulement à alléger la vie quotidienne des patients, mais aussi à prévenir les complications débilitantes de la maladie.
Une avancée révolutionnaire grâce à la reprogrammation cellulaire
La reprogrammation cellulaire ouvre un champ d’espoir pour ces patients. Ce procédé consiste à transformer une cellule en un autre type de cellule. Dans le cadre d’une étude, des scientifiques ont pris des cellules adipeuses de la patiente et les ont ramenées à l’état de cellules pluripotentes, ce qui signifie qu’elles sont capables de se transformer en n’importe quel type de cellule. Ensuite, ils les ont guidées pour qu’elles deviennent des cellules bêta capables de produire de l’insuline.
Une fois prêtes, ces cellules ont été implantées dans l’abdomen de la patiente où elles ont commencé à produire de l’insuline. Les résultats ont été spectaculaires : en quelques semaines, la patiente n’avait plus besoin d’injections d’insuline étant donné que sa glycémie restait stable sans intervention extérieure.
Notez que jusqu’à présent, certains patients diabétiques de type 1 pouvaient recevoir une greffe de cellules pancréatiques, mais ce traitement n’était possible qu’avec des donneurs d’organes et les patients devaient prendre des médicaments immunosuppresseurs à vie pour éviter le rejet. Ces greffes sont donc rares et réservées aux cas les plus graves. La reprogrammation cellulaire utilise en revanche des cellules du patient lui-même, ce qui élimine la nécessité de trouver un donneur. Mieux encore : cette technique pourrait offrir une source quasi illimitée de cellules bêta pour de nombreux patients sans passer par des dons d’organes.
En outre, les cellules ont cette fois été implantées dans l’abdomen, une zone qui facilite la surveillance et qui a montré de meilleurs résultats en termes de production d’insuline. Cela marque une différence importante avec les greffes classiques qui sont souvent réalisées dans le foie, un emplacement plus difficile d’accès et plus risqué.
Des défis qui restent à relever
Malgré des résultats prometteurs, des obstacles subsistent. Même si les cellules sont dérivées du patient, le système immunitaire peut toujours les attaquer. Dans le cas de la patiente de cette étude, elle prenait déjà des immunosuppresseurs pour une greffe de foie, ce qui a peut-être favorisé la réussite du traitement. Pour que cette technique soit accessible à un plus large public, les chercheurs doivent donc trouver des moyens de cacher ces nouvelles cellules au système immunitaire sans immunosuppresseurs, une piste de recherche essentielle pour l’avenir.
Cette avancée reste néanmoins encourageante pour les patients et les chercheurs. Si les défis actuels sont surmontés, cette technique pourrait en effet être déployée à plus grande échelle et offrir une alternative radicalement différente aux injections d’insuline.