Les montagnes de la province chinoise du Shanxi ont récemment révélé un trésor paléontologique : une nouvelle espèce de dinosaure ankylosauridé nommée Tianzhenosaurus chengi. Cet ankylosaure, qui vivait il y a environ 84 à 72 millions d’années, enrichit nos connaissances sur les espèces qui ont peuplé la Terre au Crétacé supérieur.
Une créature blindée exceptionnelle
Les ankylosaures, dont Tianzhenosaurus chengi est un nouvel exemple fascinant, figurent parmi les dinosaures les mieux équipés pour survivre dans un environnement hostile. Ces créatures herbivores quadrupèdes étaient en effet protégées par une armure redoutable constituée de plaques osseuses appelées ostéodermes. Ces plaques rigides recouvraient leur dos et leurs flancs, formant ainsi une véritable cuirasse contre les prédateurs. Les ostéodermes n’étaient pas seulement fonctionnels, mais souvent sculptés en des formes complexes, ce qui suggère qu’ils pouvaient également jouer un rôle dans la reconnaissance entre individus ou dans la démonstration de force.
Toutefois, leur arsenal défensif ne s’arrêtait pas là. Beaucoup d’ankylosaures, y compris Tianzhenosaurus chengi, étaient dotés d’une impressionnante massue osseuse à l’extrémité de leur queue. Cette structure lourde et robuste servait d’arme offensive et défensive, permettant ainsi à ces dinosaures de riposter efficacement contre les carnivores les plus redoutables de leur époque tels que les tyrannosaures. En balançant leur queue, les ankylosaures pouvaient infliger des blessures graves à leurs assaillants et les dissuader de persister.
Des caractéristiques uniques et intrigantes
Selon le Dr Qiqing Pang et son équipe de l’Université GEO du Hebei qui le décrivent avec précision dans leur étude, une combinaison de traits morphologiques spécifiques distingue Tianzhenosaurus chengi de ses cousins ankylosaures. Le crâne de cette nouvelle espèce était par exemple bas et aplati, un profil qui optimisait peut-être la résistance aux impacts. La surface du toit crânien était couverte de plaques osseuses irrégulières, une caractéristique qui renforce son aspect blindé.
Contrairement à d’autres ankylosaures comme Tianchisaurus ou Euoplocephalus, Tianzhenosaurus chengi présentait un occiput légèrement saillant qui dépassait subtilement du toit du crâne. Ce détail pourrait refléter une adaptation fonctionnelle ou avoir une signification liée à la reconnaissance visuelle entre individus. De plus, les projections osseuses dermiques sur le côté postérieur de la tête étaient relativement petites, courtes et plates, marquant une divergence claire avec des espèces apparentées.
Une découverte significative dans un contexte riche
Les fossiles de ce nouvel ankylosaure ont été découverts dans la formation Huiquanpu, un site du Crétacé supérieur situé dans la montagne Kangdailiang, à 1 262 mètres d’altitude. Cette région avait déjà fourni les restes de Tianzhenosaurus youngi, la seule autre espèce connue du genre Tianzhenosaurus. Or, la présence de deux espèces apparentées dans la même région permet aux chercheurs d’étudier plus en détail les variations au sein de ce genre ainsi que les facteurs environnementaux qui ont favorisé leur évolution.

Une contribution à la compréhension des ankylosaures mondiaux
Au-delà de l’identification d’une nouvelle espèce, la découverte de cet ankylosaure enrichit considérablement notre connaissance de la taxonomie et de l’évolution des ankylosaures. Bien qu’ils aient prospéré principalement en Asie, ces dinosaures blindés sont également connus pour avoir colonisé d’autres continents, notamment l’Amérique du Nord.
Les paléontologues ont longtemps été intrigués par les similitudes et les différences entre les ankylosaures asiatiques et nord-américains. Des genres comme Ankylosaurus et Euoplocephalus, bien documentés en Amérique du Nord, partagent plus particulièrement certaines caractéristiques générales, telles que la lourde massue caudale et les ostéodermes protecteurs. Cependant, des différences notables dans la forme des crânes, la disposition des plaques osseuses et même les proportions corporelles suggèrent que ces espèces ont évolué de manière distincte, influencées par des environnements variés et des pressions écologiques différentes.
La découverte de Tianzhenosaurus chengi en Chine permet de retracer l’évolution des ankylosaures en Asie et de mieux comprendre comment certaines lignées ont pu migrer entre les continents en passant par des ponts terrestres comme celui qui reliait autrefois l’Asie et l’Amérique du Nord. Ces corridors migratoires, qui apparaissaient grâce à des baisses du niveau des mers, ont permis à de nombreux dinosaures de se disperser et de s’adapter à des habitats divers, des forêts subtropicales d’Asie aux plaines semi-arides de l’Amérique du Nord.