Quel est ce nouveau « Viagra féminin » ?

Crédits : Kazejin / Pixabay

Cela fait quelques jours que tout le monde en parle. Le Flibanserin, nouveau « Viagra féminin », est sorti aux États-Unis sous la forme d’une petite pilule rose (bleue pour les hommes). Cependant, ce terme un peu rapide et « amusant » ne doit pas faire confondre les deux produits, qui n’ont en réalité strictement rien à voir! Explications.

Le 4 juin 2015, un comité consultatif d’experts de l’Agence américaine des médicaments (FDA) a finalement accordé aux laboratoires Sprout le droit de commercialiser leur pilule rose appelée Flibanserin, celle-ci étant censée raffermir le désir sexuel chez les femmes.

À l’instar du Viagra, qui était au départ destiné à être un médicament pour le cœur, les propriétés aphrodisiaques de la molécule du Flibanserin ont été découvertes accidentellement alors qu’elle était testée comme un antidépresseur qui a échoué. En revanche, les deux molécules agissent de manière totalement différente, et ce n’est pas qu’une question d’anatomie.

Deux médicaments bien distincts

Le Viagra masculin, mis sur le marché depuis 1998, traite les problèmes d’érection dus à un dysfonctionnement physiologique de la circulation sanguine dans le pénis, l’empêchant de se tendre.

Le Flibanserin, lui, agit sur les neurorécepteurs impliqués dans le désir en augmentant les afflux de dopamine et de noradrénaline (des excitants) et en diminuant celui de sérotonine (qui freine les pulsions sexuelles). En d’autres termes, il évite à terme une baisse de la libido trop importante.

Ainsi, la pilule bleue doit être prise ponctuellement, en prévision d’une relation sexuelle programmée. La pilule rose, elle, constitue un traitement quotidien destiné aux femmes non ménopausées souffrant d’un manque de désir sexuel.

Des effets secondaires importants

Niveau résultats, le traitement offre « une petite efficacité mais statistiquement significative », selon la docteur Catherine Sewell de la FDA. Les derniers essais cliniques révèlent que les 1.323 femmes testées ont indiqué avoir eu en moyenne 4,4 expériences sexuelles satisfaisantes en un mois, contre 3,7 dans le groupe sous placebo et 2,7 avant le début de l’étude.

Le traitement a malheureusement des effets secondaires importants : somnolences, évanouissements, nausées et chutes de tension artérielle. Ceux-ci avaient poussé en 2010 et en 2013 la FDA à rejeter la demande d’autorisation de commercialisation de la pilule.

Cette fois-ci, Sprout Pharmaceuticals a présenté de nouvelles données, dont une étude montrant que ce médicament n’affectait pas la capacité des femmes à conduire un véhicule. La FDA a fini par accorder sa mise sur le marché, à condition que le laboratoire mette en place des procédures de prévention contre ses effets secondaires.

« Ce traitement ne provoque pas une hypersexualité, les femmes ne deviennent pas instantanément dévorées de désir en le prenant, défend Cindy Whitehead, PDG de Sprout Pharmaceuticals. […] Nous cherchons à restaurer une activité sexuelle normale et nous sommes persuadés que l’effet modeste du Flibanserin est significatif. »

Selon plusieurs études médicales, au moins 40 % des femmes non ménopausées présenteraient à différents degrés une hypoactivité sexuelle, qui ne résulte d’aucun problème biologique, psychologique ou d’une interaction de médicaments.

Sources : Science et Avenir ; Le Monde