Des recherches récentes ont permis de réaliser une percée significative dans la détection précoce du cancer de l’ovaire, l’un des cancers les plus mortels chez les femmes. Dans le cadre de leurs travaux, des scientifiques ont en effet découvert un biomarqueur immunitaire dans le sang capable de signaler la présence de cette pathologie jusqu’à quatre ans avant les méthodes de diagnostic actuelles. Cette découverte pourrait révolutionner la manière dont le cancer de l’ovaire est détecté et traité, augmentant potentiellement les taux de survie des patientes.
Le cancer de l’ovaire : un tueur silencieux
Environ 70 % des cas de cancer de l’ovaire diagnostiqués sont des cancers de haut grade (HGOC) qui se caractérisent par des cellules particulièrement anormales se développant et se propageant rapidement. Malheureusement, ces cancers ne sont généralement diagnostiqués qu’à un stade avancé, lorsque les chances de survie diminuent drastiquement.
Dans le détail, les méthodes actuelles de diagnostic du cancer de l’ovaire reposent principalement sur des tests sanguins tels que le CA-125 qui détecte des niveaux élevés d’une protéine liée au cancer. Cependant, ce test n’est pas suffisamment sensible pour détecter les tumeurs à un stade précoce. En conséquence, de nombreuses patientes ne reçoivent un diagnostic que lorsque la maladie est déjà avancée.
Les symptômes du cancer de l’ovaire à ses débuts sont souvent vagues et non spécifiques, rendant le diagnostic précoce encore plus difficile. Les signes peuvent inclure des ballonnements, des douleurs abdominales, des troubles digestifs et des changements dans les habitudes urinaires. Ces symptômes sont courants et peuvent donc être attribués à d’autres affections moins graves.
Le problème est que le taux de survie à cinq ans pour les patientes diagnostiquées à un stade avancé du cancer de l’ovaire peut être aussi bas que 31 %. Cependant, si le cancer est détecté à un stade précoce, lorsque les cellules cancéreuses sont encore localisées aux ovaires ou aux trompes de Fallope, ce taux peut grimper à environ 93 %. Cela souligne l’importance cruciale de la détection précoce pour améliorer les résultats pour les patientes, d’où l’intérêt de cette nouvelle avancée.

Une nouvelle méthode de détection précoce
Dans le cadre de travaux récents, des chercheurs ont découvert un biomarqueur immunitaire détectable par des analyses sanguines se basant sur les lymphocytes T, un type de cellules immunitaires.
Concrètement, les lymphocytes T jouent un rôle crucial dans le système immunitaire en reconnaissant et en attaquant les cellules anormales, y compris les cellules cancéreuses. En analysant des échantillons de sang de 466 patientes, les chercheurs ont observé des différences significatives dans le nombre et l’activité de ces lymphocytes T entre les patientes qui ont ultérieurement été diagnostiquées avec un cancer de l’ovaire et celles qui ne l’ont pas été.
Plus précisément, les résultats ont montré que les lymphocytes T des patientes qui développeront plus tard un cancer de l’ovaire présentent des signaux indiquant qu’ils sont déjà en train de combattre la maladie. Ces signaux peuvent être détectés deux à quatre ans avant que le diagnostic clinique ne soit possible avec les méthodes actuelles. Cela signifie que le système immunitaire commence à réagir à la présence de cellules cancéreuses bien avant que les tumeurs ne deviennent détectables par les tests conventionnels, tels que les analyses sanguines du CA-125.
Les implications de cette découverte
Les résultats de cette étude sont encore préliminaires, mais ils sont prometteurs. Selon Bo Li, co-auteur principal de l’étude et chercheur au Center for Computational and Genomic Medicine de l’hôpital pour enfants de Philadelphie, cette découverte pourrait changer la donne en fournissant des informations essentielles pour développer des tests de détection précoce basés sur ce nouveau biomarqueur immunitaire.
La détection précoce du cancer de l’ovaire pourrait alors considérablement améliorer les taux de survie, offrant aux patientes la possibilité de recevoir des traitements comme la chirurgie et la chimiothérapie avant que le cancer ne se propage. Ces avancées pourraient donc transformer les perspectives de traitement et de survie pour des millions de femmes dans le monde.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Cell Reports Medicine.
