Si l’idée de concevoir des avions capables de modifier leur forme en plein vol n’est pas nouvelle en soi, des chercheurs chinois ont franchi une étape importante en découvrant un nouvel alliage. Ce dernier pourrait révolutionner l’avenir de la conception des aéronefs.
Une véritable prouesse technologique
La physique des matériaux joue un rôle primordial dans la conception des avions. Cependant, cette discipline n’est pas figée, comme en témoigne une étude publiée dans la revue Nature le 4 septembre 2024. Une équipe de la Xi’an Jiaotong University (Chine) a en effet évoqué un nouvel alliage de sa création. Il s’agit d’un métal aussi élastique que le caoutchouc, mais dont la résistance est similaire à celle de l’acier.
En alliant deux caractéristiques jusqu’ici considérées comme étant incompatibles, l’alliage pourrait permettre de concevoir des ailes métamorphes, autrement dit capables de changer de forme en plein vol. Il s’agit d’un mélange de titane et de nickel à la fois de type élastomère tout en étant très solide qui constitue aujourd’hui une nouvelle classe de métaux.
La fabrication de l’alliage est une véritable prouesse technologique qui se déroule en plusieurs étapes. Le matériau fait l’objet d’une déformation et d’un étirement de 50% avant une exposition à une chaleur de 300 °C, puis un nouvel allongement de 12 %. Selon les résultats, le métal est capable de résister à des pressions 18 000 fois supérieures à la pression atmosphérique à des températures pouvant aller de -80 °C à +80 °C.
Avions, robots… Quelles applications pour ce nouvel alliage ?
Du côté des applications, les ingénieurs chinois pensent à la conception d’ailes changeantes qui peuvent adapter leur forme en plein vol. L’objectif ? Gagner ou perdre en vitesse selon les besoins. Toutefois, cette technologie pourrait aussi servir à la création de toute une génération de robots métamorphes inédits que l’on pourrait envoyer dans des lieux hostiles sur Terre ou même sur d’autres planètes, notamment Mars. « Cet alliage exotique, doté d’un potentiel de production de masse, pourrait ouvrir un nouvel horizon à de nombreuses technologies futuristes, telles que les véhicules aérospatiaux morphologiques, les muscles artificiels de type Superman et les organes artificiels« , peut-on ainsi lire dans l’étude.
Enfin, il est évident que de telles applications relèvent encore aujourd’hui de la science-fiction. En effet, rien n’est certain puisque de nombreuses problématiques devront être éclaircies, si bien que la transition entre les travaux en laboratoire et les applications dans la vie réelle devraient prendre du temps, probablement quelques décennies.