Un fossile vieux de 125 millions d’années découvert il y a 23 ans au Portugal représente un nouveau genre et une nouvelle espèce de spinosauridés, une famille de redoutables dinosaures théropodes semi-aquatiques.
Les spinosauridés forment un groupe de dinosaures caractérisés par un crâne étroit très allongé, dont la mâchoire et le museau sont munis de dents coniques, et par une imposante crête dorsale. Découverts sur l’ensemble des continents excepté l’Antarctique, ces redoutables prédateurs comprennent une poignée de genres, dont le plus connu est probablement le Spinosaure (Spinosaurus aegyptiacus), un des dinosaures carnivores les plus grands et les plus massifs connus.
Un nouveau super-prédateur en Europe
Iberospinus natarioi est le dernier ajout à la petite liste des spinosauridés connus. Dans la revue PLoS ONE, une équipe de paléontologues de la NOVA School of Science and Technology de Lisbonne rapporte en effet qu’un spécimen désigné ML1190, extrait il y a 23 ans de la formation de Papo Seco, au Portugal, représente un nouveau genre et une nouvelle espèce.
Ce fossile vieux de 125 millions d’années avait à l’origine été attribué à Baryonyx walkeri, décrit pour la première fois en 1983. Ces nouveaux travaux s’appuient sur l’analyse de nouveaux ossements découverts. Depuis la découverte de ML1190 en 1999, « nous avons récupéré des parties de la mandibule, de l’omoplate, du pubis, une griffe du pied et plusieurs éléments de la colonne vertébrale« , explique à Gizmodo le paléontologue Darío Estraviz-López.
Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé des tomodensitogrammes pour étudier les fossiles et réaliser des analyses comparatives avec d’autres théropodes. Ces données en main, ils ont ensuite effectué une analyse phylogénétique pour tenter de dresser un éventuel arbre généalogique évolutif. Ce travail a finalement conduit les chercheurs à réaliser que le spécimen n’était pas lié à Baryonyx walkeri.
« Il a une configuration unique de nerfs dans la mandibule, ainsi qu’une pointe droite au niveau de l’extrémité arrière de la mâchoire inférieure, au lieu de celle incurvée de Baryonyx ou Suchomimus (un spinosaure trouvé au Niger)« , détaille le paléontologue. « Il a également une projection de crête osseuse vers le bas dans le pubis et n’a pas de projection musculaire proéminente dans l’omoplate parmi plusieurs autres caractéristiques. »
L’Europe occidentale comme point de départ ?
D’après les chercheurs, l’identification de ce nouveau dinosaure « renforce la péninsule ibérique en tant que point chaud de la biodiversité des spinosaures » avec plusieurs espèces désormais connues pour vivre dans cette région. En outre, avec désormais six des genres les plus anciens de la famille des spinosauridés connus en Europe occidentale, cette nouvelle recherche suggère que ces animaux pourraient avoir émergé dans la région. Toutefois, davantage de preuves seront nécessaires pour en être certains.
Sur le plan écologique, Iberospinus natarioi n’était visiblement pas très différent des autres spinosauridés connus. L’animal passait en effet probablement la plupart de son temps dans ou autour de l’eau. En témoignent des preuves stratigraphiques et sédimentaires suggérant qu’il évoluait près d’un estuaire ou d’un lagon aux eaux saumâtres.