sauropode
Reconstitution réaliste d' Ardetosaurus viator . Crédits : Ole Zant.

Un nouveau dinosaure sauropode découvert dans le Wyoming

Des paléontologues ont annoncé la découverte d’un nouveau genre et d’une nouvelle espèce de dinosaure sauropode, Ardetosaurus viator, à partir d’un spécimen semi-articulé trouvé dans les années 1990 dans le nord du Wyoming, aux États-Unis. Cette découverte offre un nouvel aperçu sur la diversité de ces animaux géants qui ont foulé la Terre il y a environ 150 millions d’années, durant le Jurassique supérieur.

Une trouvaille exceptionnelle

Le spécimen, découvert en 1993 dans la carrière Howe-Stephens de la formation Morrison, est le premier sauropode mature sur le plan squelettique décrit dans cette carrière, déjà renommée pour sa richesse en fossiles de dinosaures.

Ardetosaurus viator appartient à la famille des Diplodocidés qui inclut certains des plus longs dinosaures ayant jamais existé. Ces créatures se distinguent par leurs longs cous et leurs queues, des adaptations qui leur ont permis d’atteindre des hauteurs impressionnantes et de se nourrir de la végétation située en hauteur. Les fossiles de cette famille ont été découverts sur tous les continents, y compris en Antarctique. Leur répartition temporelle s’étend de l’Oxfordien jusqu’au début du Valanginien, soit il y a 161 à 135 millions d’années.

Un sauropode aux caractéristiques bien distinctes

Les restes d’Ardetosaurus viator apportent également des informations précieuses sur la variabilité morphologique des sauropodes. D’après les paléontologues, ce spécimen met en effet en lumière des caractéristiques intéressantes, comme la capture laminaire dans la transition cervico-dorsale. Concrètement, cela fait référence à la manière dont les os de la colonne vertébrale se connectent et s’articulent les uns avec les autres, en particulier à la jonction entre le cou et le dos du dinosaure. Dans le cas de ce spécimen, les paléontologues ont observé que les vertèbres de cette région présentent des caractéristiques qui permettent une souplesse accrue, ce qui aurait aidé le dinosaure à bouger sa tête et son cou avec agilité pour atteindre les feuilles et les végétaux en hauteur.

L’animal se distingue aussi par des transitions laminaires dans ses vertèbres caudales. Ce terme se réfère aux changements de forme ou de structure dans les vertèbres de la queue, ce qui pourrait avoir aidé le dinosaure à manœuvrer sa longue queue pour se défendre, s’équilibrer ou même communiquer avec d’autres dinosaures.

Ces découvertes pourraient ainsi éclairer notre compréhension de la diversité morphologique au sein de cette famille de dinosaures.

Ardetosaurus viator sauropode
Reconstruction squelettique indiquant les os préservés (blanc), les os exhumés, mais perdus ultérieurement (gris clair) et non préservés (gris foncé). Crédits : Ole Zant

Un indice sur le dimorphisme sexuel

L’analyse du spécimen a également mis en évidence un chevron, un os qui fait partie de la queue du dinosaure, dont la morphologie est relativement rare. Ce chevron présente des caractéristiques uniques qui diffèrent de ceux observés chez d’autres sauropodes. Ce détail anatomique est particulièrement intrigant pour les chercheurs, car il pourrait suggérer la présence d’un dimorphisme sexuel chez ces dinosaures.

Pour rappel, le dimorphisme sexuel se réfère aux différences physiques entre les mâles et les femelles d’une même espèce. Ce phénomène est courant chez de nombreuses espèces animales modernes où les mâles et les femelles présentent des caractéristiques distinctes, que ce soit en termes de taille, de couleur ou de forme. Par exemple, chez certaines espèces d’oiseaux, les mâles ont des plumages plus colorés que les femelles, ce qui peut être un moyen d’attirer des partenaires lors de la saison des reproductions.

Dans le cas des sauropodes, la découverte d’un chevron avec une morphologie spécifique pourrait indiquer que les mâles et les femelles avaient des structures osseuses différentes. Cela pourrait avoir des implications sur leur reproduction et leur comportement social. Les chercheurs croient que si les sauropodes avaient effectivement un dimorphisme sexuel, cela pourrait influencer non seulement la manière dont ils s’accouplaient, mais aussi leurs interactions sociales comme la compétition entre mâles pour attirer des femelles.

Les chercheurs insistent donc sur la nécessité de mener des études supplémentaires sur ces caractéristiques. En examinant plus en détail la morphologie des chevrons et d’autres éléments osseux des sauropodes, ils espèrent recueillir des preuves concrètes qui pourraient confirmer ou infirmer l’existence du dimorphisme sexuel dans cette espèce et, par extension, chez d’autres dinosaures.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Palaeontologia Electronica.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.