Au crépuscule du Mésozoïque, les dinosaures à bec de canard ont connu un tel essor qu’ils ont probablement supplanté les autres herbivores, contribuant ainsi au déclin de la diversité des dinosaures. Ces animaux se sont en effet largement dispersés à travers le monde. Dans le cadre de cette nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances, une équipe décrit cette fois la première espèce de dinosaure à bec de canard d’une région subantarctique. L’animal, dont les restes ont été découverts au Chili, évoluait il y a 72 millions d’années.
Un nouveau dinosaure à bec de canard
Les hadrosaures sont les célèbres dinosaures « à bec de canard ». Ces animaux herbivores ont évolué pendant la période du Crétacé, il y a environ 85 à 65 millions d’années. Ils étaient caractérisés par leur crâne allongé et plat, avec un bec élargi et des dents spécialisées pour moudre la végétation.
Nous savons également que les hadrosaures comptaient parmi les dinosaures les plus répandus et diversifiés de leur époque. Par ailleurs, leurs dents étaient sans doute les plus complexes de l’évolution des vertébrés. Elles étaient capables d’écraser, de broyer et de cisailler, ce qui aurait permis à ces dinosaures d’exploiter un large éventail de ressources végétales.
Les restes de l’animal qui nous intéresse aujourd’hui ont été découverts il y a environ dix ans par le paléobiologiste Marcelo Leppe, de l’Institut chilien de l’Antarctique, alors qu’il cherchait des fossiles de plantes dans la vallée du Río de las Chinas. Le chercheur s’est récemment associé au paléobiologiste universitaire Alexander Vargas, de l’Université du Chili, dans le but de reconstruire le squelette complet de ce qui allait s’avérer être un nouvel hadrosaure.

Une espèce « primitive »
On pense que ce nouveau dinosaure à bec de canard, nommé Gonkoken nanoi, mesurait environ quatre mètres de long et qu’il pesait plus d’une tonne. Il s’agissait donc d’un hadrosaure de taille moyenne. Cependant, il se démarque aux yeux des paléontologues par ses aspects primitifs qui en font un spécimen plus ancien que les autres hadrosaures décrits jusqu’à présent en Amérique du Sud.
« Un aspect intéressant est que Gonkoken nanoi n’est pas un dinosaure à bec de canard avancé, mais plutôt une ancienne lignée transitionnelle, sorte de lien évolutif vers des formes avancées, sans autres parents dans son genre« , détaille Alexander Vargas.
Il semblerait ainsi que la Patagonie chilienne ait été un refuge pour ces formes primitives d’hadrosaures qui auraient migré vers l’hémisphère sud bien avant les formes plus avancées. On pense même qu’elles auraient pu atteindre l’Antarctique. Cela pose la question de la manière dont ces ancêtres sont arrivés dans la région, située très au sud, alors que de vastes étendues marines bloquaient normalement le passage de la plupart des espèces terrestres.
