Dans les annales de la paléontologie, chaque nouvelle découverte apporte son lot d’émerveillement et de fascination. Récemment, un paléontologue a fait une trouvaille remarquable : l’identification d’un dinosaure carnivore jusqu’alors inconnu dans le Dorset, en Angleterre, sur la base de fossiles collectés il y a près de 200 ans.
Une nouvelle espèce enfin identifiée
Ce dinosaure, nommé Dornraptor normani, aurait vécu au début du Jurassique, il y a environ 200 millions d’années. Il appartenait au groupe des averostrans. Ces dinosaures théropodes se distinguaient par certaines caractéristiques anatomiques, notamment leur mode de locomotion bipède, leurs membres antérieurs réduits et leurs dents pointues adaptées à la prédation. Parmi les membres célèbres des averostrans, on trouve les cératosaures et les tétanurés qui comprennent des prédateurs redoutables tels que le célèbre Tyrannosaurus rex.
La découverte de ce nouveau spécimen repose sur l’analyse de deux membres postérieurs partiels, distinctifs et bien préservés, retrouvés dans la formation Blue Lias du Dorset. Initialement, ces fossiles étaient attribués à un taxon d’ornithischien blindé, Scelidosaurus harrisonii, mais cette erreur avait été rapidement corrigée. Le matériel avait alors été reclassé comme « théropode indéterminé« . Aucun consensus n’avait en effet émergé sur les véritables affinités phylogénétiques et taxonomiques du spécimen. Une réévaluation récente menée par le Dr Baron, paléontologue de l’Université BPP, a finalement conduit à des conclusions intrigantes.

Que disent les analyses phylogénétiques ?
Les analyses phylogénétiques examinent les relations évolutives entre différentes espèces en se basant sur leurs caractéristiques anatomiques et génétiques. Dans le cas du Dornraptor normani, ces analyses ont été utilisées pour déterminer sa place dans l’arbre généalogique des dinosaures théropodes. Ces travaux suggèrent que ce dinosaure pourrait représenter un « néothéropode averostran distinct à ramification précoce« .
Dans le détail, le terme néothéropode renvoie à un groupe spécifique de théropodes plus évolués, caractérisés par des membres antérieurs plus courts et des crânes plus allongés. Les néothéropodes incluent des dinosaures bien connus tels que les cératosaures et les tyrannosaures. L’expression « à ramification précoce » fait quant à lui référence au moment où cette branche évolutive a divergé des autres groupes de théropodes. Dans le cas du Dornraptor normani, cela signifie qu’il aurait émergé relativement tôt dans l’histoire évolutive des théropodes. Il représente en effet l’un des plus anciens dinosaures théropodes découverts au Royaume-Uni.
En d’autres termes, ce dinosaure présente des caractéristiques qui le rattachent aux théropodes plus évolués, bien qu’il ait émergé à une époque où les traits caractéristiques des néothéropodes n’étaient pas encore totalement développés. Son identification et sa classification fournissent ainsi des informations précieuses sur l’évolution et la diversification des dinosaures au cours du Jurassique inférieur, élargissant notre compréhension de la biodiversité préhistorique.
Cette nouvelle étude souligne une fois de plus l’importance de réévaluer régulièrement le matériel fossile contenu dans les musées. En revisitant ces collections avec des outils d’analyse plus avancés, les chercheurs peuvent en effet découvrir de nouveaux taxons et élargir notre compréhension de la diversité des dinosaures non aviaires à travers le Mésozoïque.
