Des paléontologues ont récemment mis au jour une nouvelle espèce de dinosaure à bec de canard baptisée Coahuilasaurus lipani dans le nord du Mexique. Cette découverte, qui est le fruit de longues années d’étude, vient enrichir notre compréhension de la diversité des dinosaures qui peuplaient l’Amérique du Nord il y a des millions d’années.
Une famille de dinosaures à bec de canard
Les profondeurs de la formation géologique de Cerro del Pueblo, au Mexique, ont livré un trésor inestimable : les restes fossilisés d’un nouveau dinosaure nommé Coahuilasaurus lipani. Daté de la fin du Crétacé supérieur, il y a environ 72,5 millions d’années, ce dinosaure à bec de canard (ou hadrosauridé) vient ainsi enrichir notre connaissance de la biodiversité qui régnait en Amérique du Nord à cette époque.
Les kritosaurines, dont fait partie ce spécimen, présentaient une étonnante diversité de formes au niveau de leur crâne et de leur bec. Certains possédaient en effet des crêtes élaborées, d’autres des becs plus étroits ou plus larges. Cette variété morphologique suggère ainsi que ces dinosaures avaient développé des adaptations spécifiques pour exploiter différentes ressources alimentaires dans leur environnement.
Par exemple, un bec étroit pouvait être utilisé pour sélectionner des feuilles tendres tandis qu’un bec plus large pouvait servir à broyer des végétaux plus coriaces. Cette diversité morphologique témoigne d’une évolution complexe où chaque espèce de kritosaurine s’est spécialisée pour occuper une niche écologique particulière.
Les chercheurs ont constaté que Coahuilasaurus lipani différait également des autres kritosaurines découverts plus au nord, en Amérique du Nord. Cette découverte suggère ainsi que les populations de dinosaures à bec de canard étaient isolées géographiquement et avaient évolué de manière indépendante, donnant naissance à des espèces distinctes adaptées à leur environnement local.

Une crête énigmatique
Comme de nombreux hadrosauridés, Coahuilasaurus lipani, qui mesurait environ huit mètres de long, possédait probablement une crête osseuse sur la tête. La fonction exacte de cette crête reste un mystère, mais les paléontologues avancent plusieurs hypothèses. Tout comme les plumes colorées des oiseaux ou les motifs sur la peau des reptiles, la crête pouvait servir de signal visuel pour différencier les individus d’une même espèce, notamment entre mâles et femelles. Des crêtes de formes différentes auraient ainsi permis aux hadrosauridés de se reconnaître et de favoriser la reproduction au sein de leur groupe.
Certains paléontologues suggèrent également que cette crête pouvait jouer un rôle dans la thermorégulation. En augmentant la surface de contact avec l’air, elle aurait pu aider l’animal à dissiper la chaleur corporelle lors des périodes chaudes ou, à l’inverse, à absorber la chaleur lors des périodes froides.
La crête aurait aussi pu être utilisée pour produire des sons. En soufflant de l’air à travers des cavités internes, les hadrosauridés auraient pu émettre des mugissements ou des claquements pour communiquer avec leurs congénères. Cette hypothèse est renforcée par la présence de cavités nasales complexes chez certaines espèces.
Enfin, ce genre de crête pouvait également servir à attirer les partenaires sexuels. Des crêtes plus grandes ou plus élaborées auraient pu être un signe de bonne santé et de vigueur, rendant un individu plus attractif pour l’autre sexe.
L’étude est publiée dans la revue Diversity.