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Un nouveau champignon pathogène découvert en Chine : une menace émergente ?

Des scientifiques chinois ont récemment identifié un nouveau champignon pathogène, Rhodosporidiobolus fluvialis, qui est capable d’infecter les humains. Cette découverte, issue d’un examen minutieux d’échantillons cliniques, soulève des préoccupations sur l’émergence de nouveaux agents pathogènes potentiellement favorisés par le réchauffement climatique. Ce champignon, isolé chez deux patients hospitalisés, présente également une résistance inquiétante à plusieurs médicaments antifongiques courants.

Une découverte inquiétante

Rhodosporidiobolus fluvialis a été identifié pour la première fois dans des échantillons cliniques provenant de deux patients hospitalisés en Chine entre 2009 et 2019. Sur les 27 100 souches de champignons analysées, R. fluvialis était la seule à n’avoir jamais été observée chez l’Homme auparavant. Ce champignon a été détecté dans le sang d’un homme de 61 ans, immunodéprimé, et d’un autre patient de 85 ans souffrant de diabète. Ils sont tous les deux décédés en soins intensifs. La corrélation directe entre l’infection fongique et leurs décès reste incertaine.

Les chercheurs ont découvert que Rhodosporidiobolus fluvialis présentait une résistance inquiétante à plusieurs antifongiques de première ligne, notamment le fluconazole et la caspofungine, couramment utilisés pour traiter les infections fongiques. Ces médicaments, souvent administrés aux patients souffrant d’infections fongiques invasives, agissent en perturbant la membrane cellulaire du champignon ou en inhibant la synthèse de certains composants cellulaires essentiels, ce qui conduit normalement à la mort du champignon. Cependant, R. fluvialis a montré une capacité à survivre et à proliférer malgré ces traitements.

En laboratoire, les chercheurs ont également mené des expériences pour observer le comportement du champignon à différentes températures. Ils ont découvert qu’il développait des « mutants hypervirulents » à des températures plus élevées, proches de celles du corps humain, soit environ 37 degrés Celsius. À cette température, la levure a muté 21 fois plus rapidement qu’à température ambiante, soit environ 25 degrés Celsius. Ces mutations rapides permettent au champignon de s’adapter plus efficacement aux conditions hostiles, comme la présence de médicaments antifongiques.

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Crédits : TopMicrobialStock

Une menace potentielle à prendre avec précaution

Cette découverte met en lumière un problème croissant : l’impact du réchauffement climatique sur l’évolution des pathogènes fongiques. Les températures mondiales en hausse obligent en effet les champignons à s’adapter et à étendre leur aire de répartition géographique, augmentant ainsi le risque de contact avec les humains. Cette adaptation accélérée pourrait également favoriser l’émergence de nouveaux agents pathogènes résistants aux médicaments, comme l’a démontré la rapide mutation de R. fluvialis.

L’exemple de Candida auris, une autre levure résistante aux médicaments identifiée dans plus de 40 pays depuis 2009, illustre bien cette menace. La lutte contre ces infections est d’autant plus difficile que le développement de nouveaux antifongiques est actuellement en grande partie au point mort, ce qui laisse peu d’options pour traiter les infections résistantes.

Bien que cette découverte soit alarmante, certains scientifiques appellent à la prudence. Matthew Fisher, professeur d’épidémiologie des maladies fongiques à l’Imperial College de Londres, estime en effet qu’il ne faut pas encore considérer R. fluvialis comme une menace émergente majeure. Il suggère que les patients infectés ont probablement été exposés à ce champignon dans des environnements spécifiques en Chine, plutôt que d’alarmer sur une propagation généralisée de ce pathogène.

Davantage de recherches sont donc nécessaires pour comprendre la véritable menace posée par R. fluvialis et son potentiel de propagation.

L’étude est publiée dans la revue .

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.