La Station spatiale internationale aura bientôt un troisième bras

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L'astronaute Stephen K. Robinson, retenu en 2005 par la Canadarm2. Crédits : NASA

Un bras robotique autonome construit par un consortium de sociétés européennes dirigé par Airbus s’envolera bientôt vers l’ISS pour intégrer le segment russe de la station.

La Station Spatiale internationale se compose déjà de deux bras robotiques : le Canadarm2 (dix-sept mètres de long), récemment touché par un débris spatial, et le système de télémanipulation du module d’expérimentation japonais (dix mètres de long). Ces structures à articulations multiples se terminent par deux « mains » identiques à chaque extrémité permettant d’effectuer des opérations de maintenance de la station. Chacune des extrémités peut servir de point d’ancrage, permettant à l’autre de « travailler ».

Cette flexibilité permet à ces structures se positionner partout autour du segment américain de la station. En revanche, aucune des deux ne peut atteindre le segment russe. La situation va bientôt évoluer avec l’envoi le 15 juillet prochain d’un nouveau bras robotique européen (ERA), construit par Airbus pour l’Agence spatiale européenne (ESA). La structure s’envolera avec le nouveau module polyvalent russe, connu sous le nom de Nauka (science en russe).

Un bras autonome

Ce nouveau bras se décompose en deux parties symétriques, chacune mesurant un peu plus de cinq mètres de long. Composé d’aluminium et de fibre de carbone, il ne pèse que 630 kilogrammes. L’ERA pourra lui aussi se déplacer librement à l’extérieur de la station grâce à ses deux « mains » lui permettant de se fixer autour de la structure. Il pourra déplacer et installer des composants pouvant peser jusqu’à huit tonnes, et transporter des astronautes et des cosmonautes lors de sorties extravéhiculaires dans le cadre d’opérations de maintenance.

Enfin, le bras pourra être contrôlé en temps réel depuis l’intérieur de la station spatiale ou être préprogrammé pour effectuer des tâches de manière autonome. Équipé d’une caméra infrarouge, il pourra également inspecter la structure et les composants de la station, puis diffuser les images aux astronautes et cosmonautes à l’intérieur du laboratoire.

Concernant le nouveau module Nauka, il fournira aux Russes leur premier module dédié principalement à la recherche. La structure proposera également des quartiers d’équipage et un sas pour les expériences scientifiques. Avec une masse d’environ 24 tonnes métriques, il est environ 20 % plus imposant que le plus gros segment russe de la station, le module de service Zvezda.

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Le bras robotique européen desservira le segment russe de la Station spatiale internationale. Crédits : Airbus

Le nouveau module russe

Nous pourrions également nous interroger sur timing de ce lancement. La Russie s’apprête en effet à lancer son plus gros module alors que le pays envisage de quitter la station à l’horizon 2025. Selon Eric Berger, de Ars Technica, certains responsables de la NASA auraient spéculé en que cela pourrait être un angle pour obtenir de nouveaux fonds des États-Unis.

En effet, l’agence américaine ne dépend plus des Russes depuis plusieurs mois pour ses lancements d’astronautes vers l’ISS grâce aux capsules Crew Dragon de SpaceX. Or, les locations de sièges à bord de capsules russes au cours de ces dix dernières années représentaient une importante source de financement pour le programme spatial de la Russie.

Soulignons également que les premiers éléments de la Station spatiale internationale lancés en 1998 ont été conçus de manière à ce que les segments américain et russe soient dépendants les uns des autres pour le contrôle d’attitude, la puissance et d’autres ressources critiques. Concrètement, les responsables de la NASA soupçonnent qu’avec l’envoi de son nouveau module, la Russie puisse demander un financement supplémentaire de « maintenance » aux États-Unis.