Nous savons enfin pourquoi la Covid-19 cause parfois une perte d’odorat

nez narines visage homme
©Jeff and Mandy G/Flickr

Certaines personnes atteintes par la Covid-19 présentent un symptôme particulier : l’anosmie, c’est-à-dire une perte totale de l’odorat. À force d’enquêter sur le sujet, des chercheurs ont enfin compris pourquoi la Covid-19 est à l’origine de ce phénomène.

Une anosmie différente en cas de Covid-19

L’anosmie se caractérise par une perte totale de l’odorat temporaire ou permanente. Dans les infections respiratoires comme la grippe, l’anosmie est plutôt courante. C’est aussi le cas pour certains rhumes causés par des coronavirus non mortels. La plupart du temps, l’anosmie se produit en raison de l’encombrement des voies nasales. Ceci empêche les molécules d’arômes d’atteindre les récepteurs olfactifs. Avec la disparition du nez bouché, l’odorat fait logiquement son retour, sauf dans de très rares cas.

Après l’apparition de la Covid-19, des chercheurs ont évoqué une atteinte du système nerveux. Plus tard, la perte de l’odorat mais également du goût ont été ajoutés à la liste des symptômes. Or, le fait est que les patients atteints du Covid-19 et présentant une anosmie n’ont pas tous le nez bouché ! De plus, même après leur rétablissement, certaines personnes témoignent d’un prolongement de l’anosmie dans le temps. Comme l’indique un article publié par The Conversation le 24 juin 2020, l’anosmie liée à la Covid-19 est différente de celle provenant d’autres infections respiratoires.

En réalité, ces personnes sont atteintes par le syndrome de la fente olfactive, la partie du nez responsable de la perception des odeurs. Plus précisément, la fente olfactive est bloquée par un gonflement des tissus mous ainsi que l’apparition de mucus. Toutefois, les autres organes et les sinus restent normaux, ce qui explique pourquoi les patients n’ont pas le nez bouché.

systême olfactif
Schéma du système olfactif. Crédits : C’est pas compliqué !

L’hypothèse de base remise en question

Aujourd’hui, nous savons que le SARS-CoV-2 (Covid-19) infecte notre corps en se liant aux récepteurs ACE2. Or, ces récepteurs se situent à la surface des cellules des voies aériennes supérieures. Ensuite, la protéine TMPRSS2 favorise l’invasion de ces cellules par le virus. À l’intérieur, l’organisme subit une réplication du virus et les problèmes commencent.

À l’origine, l’hypothèse était que la Covid-19 pouvait infecter et détruire les neurones olfactifs. Mais certaines recherches tendent à démontrer (pré-publication) que les récepteurs ACE2 favorisant l’entrée du virus dans les cellules sont absents de la surface des neurones olfactifs.

Les neurones olfactifs victimes de dommages collatéraux

En revanche, ces récepteurs ACE2 ont été repérés au niveau des cellules dites « sustentaculaires ». Ces dernières représentent un support structurel aux neurones olfactifs. Ainsi, il semble que l’infection s’attaque à ces cellules en provoquant un œdème sans pour autant détruire les neurones. Après le rétablissement, l’œdème est donc censé rétrécir et laisser à nouveau le champ libre aux neurones. Ceci nous amène donc à la question des cas où l’odorat se prolonge dans le temps.

Rappelons que l’inflammation est la réponse immunitaire de l’organisme face à une infection. Or, les substances chimiques produites par cette réponse sont capables de détruire les tissus voire les cellules situées à proximité. Dans le cas d’inflammations très sévères, les neurones olfactifs auraient donc pu subir ce genre de dommages. Ainsi, le retour de l’odorat prendrait du temps puisque les neurones olfactifs doivent d’abord se régénérer.