Une équipe de chercheurs de l’Université de Tel Aviv, en Israël, explique dans une récente étude être parvenue à produire un bio-polymère à partir de micro-organismes et d’algues cultivés dans de l’eau de mer.
En d’autres termes : pas de pétrole, pas de sols fertiles, et pas d’eau douce. Un procédé qui devrait à terme avoir le pouvoir de révolutionner l’industrie du plastique, hautement polluante. «Les plastiques mettent des centaines d’années à se décomposer (…) Ils mettent en danger les animaux et polluent l’environnement, explique le docteur Golberg, de la Porter School of Environmental Sciences de l’Université de Tel Aviv. Le plastique est également produit à partir de produits pétroliers, dont le processus industriel libère des contaminants chimiques en tant que sous-produit».
Produire du plastique sans terres et sans eau douce
Le problème des bioplastiques « sans pétrole » – généralement présentés comme une alternative – est que le processus de création implique de cultiver des plantes ou des bactéries pour fabriquer ces plastiques. Des ressources en terres et en eau sont alors nécessaires. Mais tout le monde ne dispose pas de ces ressources, et l’eau douce commence à se faire très rare dans certaines régions. Ce nouveau procédé implique ici de fabriquer du « plastique » (polyhydroxyalcanoate) à partir de micro-organismes marins (eau de mer), qui se recyclent complètement en déchets organiques.
«Nous utilisons comme matière première des algues multicellulaires, cultivées en mer, explique en effet le docteur Golberg. Ces algues sont consommées par des micro-organismes mono-cellulaires, qui se développent également dans de l’eau très salée et produisent un polymère pouvant être utilisé pour la fabrication de bio-plastique. Il existe déjà des usines qui produisent ce type de bioplastique en quantités commerciales, mais elles utilisent des plantes qui nécessitent des terres agricoles et de l’eau douce, rappelle en effet le chercheur. Le processus que nous proposons permettra aux pays qui manquent d’eau douce, tels qu’Israël, la Chine et l’Inde, de passer de plastiques dérivés du pétrole à des plastiques biodégradables».
Fabriquer des plastiques aux propriétés différentes
Ces recherches, qui permettraient à terme de se passer de terres arables et d’eau douce, se poursuivent. «Pour le moment nous essayons de comprendre comment différentes souches de bactéries provoquent une fermentation différente parmi les espèces d’algues diverses, note le chercheur. Chaque algue produisant un sucre différent, le produit plastique final est également différent. Nous menons donc actuellement des recherches pour trouver les bactéries et algues les plus adaptées à la production de polymères pour fabriquer des plastiques présentant des propriétés différentes».
On rappelle que 8,3 milliards de tonnes de plastique auraient été produites entre 1950 et 2015, révélait il y a quelques semaines une étude publiée dans Sciences Advances. Sur ces 8,3 milliards de tonnes, 6,3 milliards (soit 79 %) se présentent aujourd’hui sous forme de déchets non recyclés.
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