Nous ne serions pas au bord de la 6e extinction de masse, mais de la 7e

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Un moulage de Dickinsonia, un animal qui a vécu pendant la période édiacarienne. Crédit : Verisimile/ CC BY-SA 3.

Les extinctions massives sont reconnues comme des étapes importantes dans la trajectoire évolutive de la vie sur Terre. Jusqu’à présent, nous pensions qu’il y en avait eu cinq et que la sixième était en cours. En réalité, il pourrait s’agir de la septième. Des chercheurs ont en effet identifié des preuves d’une extinction de masse jusqu’alors inconnue ayant frappé la vie sur Terre il y a un demi-milliard d’années. 

Cinq grandes extinctions connues

La première grande extinction reconnue jusqu’à présent était celle de l’Ordovicien. Survenue il y a environ 445 millions d’années, probablement à cause d’une période glaciaire courte, mais intense, elle aurait entraîné la disparition de près de 70% des formes de vie terrestre (principalement dans les océans).

La seconde (celle du Dévonien) aurait entraîné la disparition de 75% des organismes vivants il y a environ 360 à 375 millions d’années en raison d’un épuisement de l’oxygène dans les océans. La plus importante reste celle du Permien, il y a environ 252 millions d’années. À cette époque, près de 95% de tous les êtres vivants auraient succombé en raison d’importantes éruptions volcaniques. Viennent ensuite l’extinction du Trias il y a environ 200 millions d’années, puis celle du Crétacé il y a environ 66 millions d’années.

Enfin, de nombreux experts estiment que nous sommes au début d’une nouvelle extinction de masse (la sixième) qui est marquée par la disparition d’espèces à un rythme alarmant et dont les activités d’origine anthropique en seraient le moteur.

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Crédits : serpeblu/iStock

Un événement plus ancien encore

Dans le cadre d’une étude, des chercheurs de l’UC Riverside et de Virginia Tech ont trouvé des preuves d’une autre extinction de masse qui précède le premier événement de ce genre connu d’environ 100 millions d’années. Cette extinction nous placerait ainsi durant la période édiacarienne, il y a environ 550 millions d’années, au cours de laquelle la vie multicellulaire complexe s’est considérablement diversifiée.

Les archives fossiles de cette époque lointaine sont toutefois difficiles à déchiffrer. En effet, à cette époque, la plupart des créatures développaient un corps mou qui se fossilisait rarement. Le temps est un autre facteur déterminant : plus il passe et plus les preuves se retrouvent enfouies ou détruites. Malgré tout, le dossier fossile semble montrer une véritable baisse de la diversité de la vie du milieu à la fin de l’Édiacarien.

Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont rassemblé une base de données de presque tous les animaux connus de cette époque. Cette période de temps se déroule sur plusieurs dizaines de millions d’années. Concrètement, ils ont cherché à savoir quand ces créatures ont évolué et le moment où elles ont disparu. Ils ont également examiné leurs environnements, leurs tailles et formes corporelles, leurs régimes alimentaires et autres habitudes. Bref, ils ont dressé un tableau complet.

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Archaeaspinus, un des membres de la faune de l’Édiacarien. Crédit : Masahiro miyasaka

Des espèces victimes du manque d’oxygène

Au terme de leurs analyses, il est alors clairement ressorti qu’environ 80% de ces êtres vivants avaient disparu à la fin de l’Édiacarien. De leur côté, les modes spécifiques de conservation et les dépôts de matériaux n’avaient pas évolué au cours de la même période, ce qui suggère qu’il ne s’agit pas d’un biais d’échantillonnage.

« Nous pouvons voir la distribution spatiale des animaux au fil du temps, nous savons donc qu’ils ne se sont pas simplement déplacés ailleurs ou ont été mangés – ils sont morts« , souligne Chenyi Tu, co-auteur de l’étude. « Nous avons montré une véritable diminution de l’abondance des organismes. »

Concernant les causes de cet événement, à l’instar de l’extinction du Dévonien, les archives géologiques ont montré des signes de baisse des niveaux d’oxygène dans les océans à cette époque. Fait intéressant, les espèces qui semblent avoir survécu sont celles qui étaient alors adaptées à une vie à faible teneur en oxygène.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue PNAS.