Depuis quelques semaines, une illustration signée de l’italien Walter Molino tourne sur les réseaux sociaux. La raison : on y voit des gens sous cloche, circulant dans la rue. En commentaire, beaucoup prétendent que l’illustration, dessinée en 1962, prédit « la vie en 2022 », établissant un rapport avec les mesures de distanciation physique imposées par la pandémie Covid-19. Ce n’est pourtant pas le cas.
Walter Molino est un dessinateur de bandes dessinées et illustrateur né en Italie en 1915, avant de finalement s’éteindre à Milan, en 1997. Il est notamment connu pour avoir illustré en 1939-1940 dans L’Audace, un hebdomadaire de bande dessinée italien, les deux premiers épisodes de Virus, il mago della foresta morta, une série de science-fiction détaillant les aventures d’un savant fou qui tente de conquérir le monde.
Une peinture prémonitoire ?
Walter Molino a également développé d’autres oeuvres, dont une peinture sur laquelle plusieurs dizaines de personnes se baladent dans la rue sous cloche dans de petits véhicules motorisés. C’est ce tableau, publié le 16 décembre 1962 dans le journal italien « la Domenica del Corriere« , qui fait réagir beaucoup de monde aujourd’hui.
« Cette peinture de Walter Molino datant de 1962 est intitulée : LA VIE EN 2022« , avance une publication partagée plusieurs milliers de fois sur Facebook. Naturellement, de nombreux internautes ont qualifié l’oeuvre de « prémonitoire », l’associant aux mesures de distanciation physique imposées par la pandémie de Covid-19.

En réalité, il n’en est rien
En effet, Molino avait simplement évoqué en une idée de véhicule futuriste visant à désengorger les villes. Une description écrite en italien sur le site plurale.net, précise le sens de l’illustration :
« Allons-nous faire le tour de la ville comme ça ? C’est ainsi que le problème de la circulation dans les villes pourrait être amélioré, voire totalement résolu », peut-on lire. « Au lieu des voitures encombrantes actuelles, de petites voitures monoplaces occuperaient une surface minimale et pourraient être appelées « singolettas ». Walter Molino a imaginé ici à quoi ressemblerait une avenue si cette nouvelle solution était adoptée à grande échelle ».
Contactée par l’AFP, Francesca Tramma, responsable des archives historiques du Corriere della Sera, le journal auquel appartenait le magazine la Domenica del Corriere, a également démenti les rumeurs assurant que l’image ferait allusion à l’année 2022. Aucune année n’y est d’ailleurs mentionnée. Elle précise néanmoins que « le dessin imagine le futur, reproduisant la même rue de New York que l’on peut voir sur la couverture de Domenica del Corriere dans laquelle un homme devient fou dans un embouteillage« .
La couverture, présentée ci-dessous, portait la description suivante : « Le cauchemar des embouteillages. Dans une rue de New York, déjà bouchée par la fièvre de Noël, le postier George A. Compton, immobilisé avec sa voiture dans un embouteillage, devient fou après une longue attente. Il sort de sa voiture, enlève ses chaussures et monte sur la file immobile de voitures, sautant facilement de l’une à l’autre« .

Vous l’aurez compris, Walter Molino n’était pas extralucide et n’avait pas anticipé quelconque épidémie. Il s’agit éventuellement d’une coïncidence, tout au plus.