Le nombre de cyclones tropicaux diminue à mesure que le climat se réchauffe

Crédits : NASA / Flickr.

S’il est désormais bien établi que le changement climatique tend à augmenter l’intensité des cyclones tropicaux, en particulier pour les catégories les plus élevées, la réponse est moins évidente au sujet de leur fréquence. De récents travaux appuient toutefois l’idée selon laquelle la fréquence des cyclones est orientée à la baisse dans un monde plus chaud. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Climate Change ce 27 juin.

Les auteurs ont montré que le nombre de cyclones formés chaque année dans le monde a diminué de 13 % entre le milieu du dix-neuvième siècle et la fin du vingtième siècle à cause d’un affaiblissement des branches ascendantes des cellules de Hadley et d’un assèchement d’altitude défavorable à la genèse des tourbillons. Une fois formés, ces derniers peuvent toutefois tirer parti d’une température de l’océan plus élevée et gagner en intensité plus rapidement.

Un déclin du nombre de cyclones tropicaux dans le monde

Afin d’établir des tendances de long terme permettant de passer outre l’importante variabilité naturelle du climat aux échelles interannuelles et multidécennales, les chercheurs ont utilisé un produit de réanalyse météorologique. En effet, le suivi des cyclones tropicaux à l’échelon mondial n’est devenu fiable qu’à partir des années 1990. Outre les divers problèmes d’échantillonnage, les observations faites avant cette date présentent une forte hétérogénéité temporelle et sont donc difficilement exploitables.

cyclones tropicaux
Évolution du nombre annuel de cyclones tropicaux dans le monde (a), dans l’hémisphère sud (b) et dans l’hémisphère nord (c) entre 1850 et 2012. Les courbes en bleu présentent l’évolution année par année tandis que la courbe rouge est une moyenne mobile sur cinq ans. Les lignes noires discontinues sont les tendances linéaires calculées avant et après 1900 (année repérée par la fine ligne verticale en pointillés). Enfin, l’évolution de la température d’été des mers tropicales figure en (d). Crédits : Savin S. Chand & coll. 2022.

L’analyse du jeu de données 20CR combinée aux résultats de deux modèles climatiques montre que la diminution du nombre annuel de cyclones tropicaux touche l’ensemble des bassins sauf l’Atlantique Nord. Cette anomalie pourrait résulter de la diminution des particules de pollution émises par l’Europe et les États-Unis depuis les années 1970. En outre, le déclin général s’est accéléré en seconde moitié du vingtième siècle, moment à partir duquel le changement climatique dû aux activités humaines a véritablement gagné en puissance.

Idem que la figure précédente, mais pour chaque bassin cyclonique. Notez l’évolution singulière de l’océan Atlantique Nord (g). Crédits : Savin S. Chand & coll. 2022.

« Les tendances à la baisse constatées sont cohérentes avec l’affaiblissement des circulations de Hadley et de Walker au vingtième siècle, ce qui rend les conditions de formation des cyclones tropicaux moins favorables », rapporte l’étude dans son résumé.

Une baisse de fréquence salutaire ?

Les chercheurs rappellent que le nombre de tempêtes n’est qu’une des facettes du risque posé par ces phénomènes. Il faut aussi se rappeler qu’en climat plus chaud, les cyclones gagnent en intensité, amènent des pluies plus abondantes et sont soumis à une modification de leurs trajectoires habituelles. De plus, certains travaux suggèrent qu’avec le changement climatique, les tourbillons tendent à se déplacer plus lentement et à se dissiper moins rapidement une fois entrés dans les terres. Ces divers éléments font craindre des dégâts potentiellement majeurs qui ne sauraient être relativisés par la diminution de fréquence rapportée dans la présente étude.