L’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska vient d’attribuer le prix Nobel de médecine 2024 à Victor Ambros et Gary Ruvkun pour la découverte du microARN et son rôle dans la régulation post-transcriptionnelle des gènes.
Prix Nobel : de nouveaux lauréats de médecine
Le prix Nobel de médecine ouvre traditionnellement la saison des Nobel chaque automne. Récemment, des chercheurs ont été récompensés pour des contributions significatives : en 2021, David Julius et Ardem Patapoutian pour leurs travaux sur les mécanismes sensoriels ; en 2022, Svante Pääbo pour ses recherches sur l’ADN des Néandertaliens ; et en 2023, Katalin Karikó et Drew Weissman pour leurs découvertes sur les modifications nucléotidiques qui ont permis de développer des vaccins à ARNm efficaces contre le COVID-19.
Pour cette année 2024, le prix Nobel a été attribué à Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des microARN, des molécules d’ARN qui jouent un rôle essentiel dans la régulation de l’expression des gènes. Leur travail a profondément transformé notre compréhension de la manière dont les cellules contrôlent quelles instructions génétiques sont activées à un moment donné.
La magie de la régulation des gènes
Les informations contenues dans nos chromosomes agissent comme un manuel d’instructions pour chaque cellule de notre corps. Chaque cellule possède le même ADN, mais des types cellulaires distincts, comme les cellules musculaires et nerveuses, se comportent de manière différente. Comment cela est-il possible ? La réponse réside dans la régulation des gènes qui permet à chaque cellule de choisir uniquement les instructions pertinentes.
Victor Ambros et Gary Ruvkun se sont penchés sur le développement cellulaire et ont découvert les microARN, une classe de petites molécules d’ARN. Ces microARN sont des régulateurs clés qui aident à contrôler l’activité des gènes et garantir que seuls les gènes appropriés sont actifs dans chaque type de cellule. Leurs recherches ont aussi révélé qu’il existe plus d’un millier de microARN dans le génome humain, chacun ayant un rôle crucial dans le développement et le fonctionnement des organismes.
Le processus de régulation des gènes implique plusieurs étapes. L’information génétique passe de l’ADN à l’ARN messager (ARNm) par un processus appelé transcription, puis cet ARNm est traduit en protéines. Ambros et Ruvkun ont découvert que les microARN agissent en se liant à l’ARNm, bloquant ainsi la production de protéines. Cela permet aux cellules de réguler finement leurs fonctions en réponse aux besoins changeants de l’organisme.
Les implications de cette découverte
L’importance des microARN dépasse le simple développement cellulaire. Une régulation inadéquate des microARN peut en effet mener à des maladies graves, telles que le cancer et des troubles auto-immuns. Les chercheurs ont en effet démontré que des mutations dans les gènes codant pour les microARN peuvent causer diverses pathologies humaines, ce qui souligne ainsi leur rôle essentiel dans la santé.
Les découvertes d’Ambros et Ruvkun ont ainsi ouvert la voie à de nouvelles avenues de recherche sur la régulation génétique. En étudiant les mécanismes par lesquels les microARN influencent l’activité des gènes, les scientifiques espèrent mieux comprendre les processus fondamentaux de la biologie cellulaire ainsi que les maladies qui en résultent lorsque ces mécanismes se dérèglent.