Le Nobel de médecine récompense les travaux sur le génome de nos ancêtres

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Crédits : Frank Vinken/Max-Planck-Gesellschaft

Le prix Nobel de physiologie (ou de médecine) pour l’année 2022 a été décerné au généticien suédois Svante Pääbo. Ses travaux ont permis de retracer l’évolution de notre espèce à partir de l’ADN de nos proches parents disparus.

Comme toujours, c’est la médecine qui ouvre le bal. Il y a deux ans, le Nobel avait récompensé Michael Houghton, Harvey J. Alter et Charles M. Rice pour leur contribution décisive dans la lutte contre l’hépatite C. L’année dernière, le prix revenait au Dr David Julius et à Ardem Patapoutian pour leurs travaux qui ont permis d’identifier plusieurs chaînons manquants critiques dans notre compréhension de l’interaction complexe entre nos sens et l’environnement.

Pour cette « cuvée 2022 », le comité vient de récompenser Svante Pääbo, directeur de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne, pour son travail de pionnier sur l’évolution des homininés.

Neandertal et Dénisova

Le Comité a d’abord mis en lumière les travaux du Dr Pääbo sur le séquençage du génome de l’un de nos plus proches parents disparus : Neandertal.

Si nous connaissons Neandertal depuis la découverte de premiers ossements dans une carrière allemande en 1856, ce n’est que bien plus tard, avec la découverte du séquençage de l’ADN, que les chercheurs ont pu commencer à véritablement comparer nos deux espèces. Au départ, il était cependant encore très difficile d’extraire du matériel génétique ancien en raison de la dégradation du matériel et de la contamination.

Le Dr Pääbo a joué un rôle essentiel en ce sens. Il a en effet développé des techniques qui permettent l’extraction de l’ADN mitochondrial des os tout en éliminant les contaminants génétiques restants. Après avoir appliqué ces méthodes à trois os de Neandertal, Pääbo a pu séquencer avec succès l’ensemble du génome de notre ancien cousin en 2008.

Ces travaux ont permis de confirmer que les humains et les Néandertaliens étaient génétiquement distincts et que nos deux espèces partageaient un ancêtre commun récent qui vivait il y a environ 80 000 ans. Ils ont également révélé que Neandertal et Homo sapiens avait également coexisté et même copulé. Chez les humains modernes d’origine européenne ou asiatique, jusqu’à 2% de l’ADN provient aujourd’hui de Neandertal.

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Crédits : Nikola Solic

Toujours en 2008, après avoir analysé le génome d’un bout d’os vieux de 40 000 ans découvert dans la grotte de Denisova, en Sibérie, l’équipe du Dr Pääbo a également découvert un tout nouvel hominidé : l’Homme de Dénisova. Là encore, il a été découvert que cette espèce s’était accouplée avec des humains modernes dans l’est de l’Eurasie. De nos jours, certaines populations d’Océanie et d’Asie du Sud-Est peuvent porter jusqu’à 6% d’ADN de cet ancêtre.