L’hygiène corporelle varie d’une culture à l’autre. Mais en Occident, force est de constater que la propreté y est quelque peu extrême. Si le savon peut sauver des vies en cas d’épidémie (car il est vivement recommandé de se laver les mains régulièrement), ce produit lavant peut également modifier le pH cutané et encourager la prolifération des bactéries. D’où l’émergence du mouvement No Soap, qui encourage à se passer de savon sous la douche.
Le savon modifie le pH de la peau
Le savon est réputé pour modifier le pH de la peau, le rendant trop alcalin et détruisant son film hydrolipidique. Les germes se multiplient, modifiant également l’odeur corporelle. L’eau en revanche, qui a un pH neutre, dessèche moins l’épiderme que le savon, et lave tout aussi bien puisque la sueur et les cellules mortes sont hydrosolubles. Sans savon, la peau conserve les lipides indispensables à son équilibre.
De plus en plus de médecins font d’ailleurs le lien entre l’émergence des affections cutanées comme l’eczéma, le psoriasis ou l’acné, et l’arrivée sur le marché de savons et produits lavants.
Le No Soap, cette tendance qui encourage le lavage sans savon
La pratique du « No Soap » (littéralement : « sans savon ») vise à se passer de produits lavants, à l’exception des mains dans un souci de santé. Les partisans de ce mouvement indiquent que le lavage à l’eau suffit pour assurer une bonne hygiène corporelle et se débarrasser des odeurs.
Le No Soap apparaît dans les années 2000, mais ne se popularise qu’en 2009, suite à quelques documentaires et de nombreux articles de blog. La pratique du No Soap consiste donc à équilibrer le microbiome qui recouvre la peau : une régulation naturelle intervient alors entre bactéries commensales et pathogènes.
James Hamlin, médecin à l’Université de Yale et chroniqueur pour le mensuel The Atlantic, affirme que le savon doit être réservé à un usage médical comme le lavage des mains. Celui-ci pratique d’ailleurs le No Soap depuis de nombreuses années, redécouvrant sa peau au fil du temps, plus saine, plus belle et pas plus sujette aux odeurs corporelles qu’avant.

Pourquoi se lave-t-on ?
La conception de l’hygiène et de la propreté varie d’une culture à une autre, l’eau revêtant souvent un caractère sacré dans de nombreux pays.
Pour les chrétiens, l’eau bénite s’utilise dans les rituels religieux pour symboliser la purification spirituelle. À l’instar du christianisme, la religion juive envisage la propreté corporelle comme un pont vers la propreté spirituelle. À l’inverse, au Moyen Âge, pour s’élever spirituellement, il était nécessaire d’accorder le moins d’importance possible au corps physique. Trop se laver pouvait même s’avérer suspect…
En Inde, le Gange est un fleuve sacré pour des millions de personnes : les hindous estiment que s’y baigner peut aider à purifier les péchés. Sur le même schéma, les rituels de purification de certaines tribus amérindiennes intègrent souvent des bains dans des rivières ou des lacs sacrés.

Quand a été créé le savon ?
Le savon se compose de molécules amphiphiles obtenues par réaction chimique entre un corps gras et de l’hydroxyde de sodium ou de potassium. Les ingrédients de base d’un savon sont généralement de la graisse ou de l’huile végétale, de la soude et de l’eau. C’est le processus de saponification qui transforme ces ingrédients en produit de lavage solide ou liquide.
Bien qu’il soit difficile de déterminer une date exacte, l’invention du savon remonterait à l’Antiquité. Les premiers savons étaient généralement fabriqués à partir de graisses animales ou d’huiles végétales mélangées à de la cendre de bois.
Le mélange était alors bouilli, produisant une substance généralement utilisée pour le nettoyage des vêtements, du cuir et de la laine, ou encore destinée à un usage pharmaceutique. Le lavage du corps au savon restait occasionnel.
