Niveau de CO2 dans l’atmosphère : c’est du jamais vu en 800 000 ans !

Crédits : Pixabay

Malgré les efforts déployés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre atteignait un nouveau sommet en avril : en moyenne plus de 410 parties par million (ppm). Du jamais vu en 800 000 ans.

Les niveaux de CO2 dans l’atmosphère terrestre, mesurés depuis l’observatoire de Mauna Loa à Hawaii, ont dépassé les 410 parties par million (ppm) le mois d’avril dernier. Selon Ralph Keeling, directeur du programme Scripps CO2 de la Scripps Institution of Oceanography en Californie, cette ligne des 410 ppm « est importante car elle marque une autre étape dans la montée du CO2. Au rythme actuel, nous atteindrons 450 ppm en seulement 16 ans, et 500 ppm 20 ans plus tard : un territoire dangereux pour le système climatique ».

C’est le père de Keeling, Charles David Keeling, qui commença à prendre les premières mesures en 1958 depuis Hawaii : la concentration n’était alors que de 315 ppm. La « courbe de Keeling », le nom donné aux niveaux de dioxyde de carbone, montre donc une augmentation drastique et accélérée des niveaux de CO2 dans l’atmosphère depuis 60 ans. Avant la révolution industrielle, les niveaux fluctuaient naturellement sur plusieurs milliers d’années, mais nous savons grâce aux carottes glaciaires que ceux-ci n’ont jamais dépassé les 300 ppm au cours des 800 000 dernières années (huit derniers cycles glaciaires).

Les concentrations de dioxyde de carbone – dont l’effet des gaz à effet de serre retient la chaleur sur notre planète – étaient d’environ 280 parties par million vers 1880, à l’aube de la révolution industrielle. Ils sont donc maintenant 46 % plus élevés. « Cette augmentation est une conséquence directe des rejets importants de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles », explique le chercheur à CNN. « Les océans et les plantes terrestres éliminent une grande partie de l’excès de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, environ 50 %, mais ils ne peuvent tout simplement pas suivre le rythme. Et le reste s’accumule dans l’atmosphère ».

La dernière fois que de tels niveaux étaient atteints, c’était au milieu du Pliocène, il y a plus de 3 millions d’années (autour de 400 parties par million). Sauf qu’à l’époque, ces niveaux se sont maintenus sur de longues périodes. Aujourd’hui, la concentration mondiale de CO2 augmente rapidement. Pendant le Miocène, il y a entre 14 millions et 23 millions d’années, les concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère auraient atteint 500 parties par million. L’Antarctique aurait alors perdu des dizaines de mètres de glace, relevant ainsi le niveau des océans. Plus loin encore, à la frontière Éocène-Oligocène, il y a environ 34 millions d’années, les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone pourraient avoir atteint les 750 parties par million. Il n’y avait à l’époque aucune glace en Antarctique.

Source