Quand les hommes de Néandertal ne sentaient plus leur propre odeur nauséabonde

homme Néandertal
Crédits : Gorodenkoff / iStock

Selon une étude internationale récente, les Néandertaliens auraient évolué de manière à avoir un nez moins performant. Or, l’un des objectifs de cette évolution aurait été d’éviter à ces hommes de sentir leur propre odeur, souvent fétide.

Un nez moins sensible chez les Néandertaliens

L’homme de Néandertal fait souvent l’objet d’études scientifiques. Dernièrement, nous évoquions certaines recherches récentes suggérant que cette espèce éteinte du genre Homo consommait du crabe rôti ou pouvait chasser des mammifères bien plus imposants qu’elle, comme les éléphants à défenses droites. Une étude publiée dans la revue iScience le 20 janvier 2023 et menée par des chercheurs de plusieurs universités françaises, britanniques, irlandaises et américaines s’est quant à elle intéressée aux capacités olfactives de l’homme de Néandertal.

Les scientifiques disent avoir recréé le nez de nos lointains ancêtres. Concrètement, ils ont réussi à reconstituer des récepteurs d’odeurs en ayant recours aux génomes de trois Néandertaliens, un Denisovien et un ancien humain. L’étude a également intégré des données relatives aux génomes des humains modernes. Grâce aux résultats obtenus, ils ont pu évaluer que les hommes de Denisova avaient un nez plus sensible que les humains modernes. En revanche, les Néandertaliens avaient un nez bien moins performant. Or, cette caractéristique servait entre autres à leur éviter de sentir leur propre odeur, souvent nauséabonde.

Néandertal
Crédits : Hispalois / Wikimedia Commons

Une mutation sans doute bienvenue

« Le fait que nous puissions aujourd’hui observer les génomes d’espèces anciennes et déterminer leurs éventuels espaces sensoriels et spécialités alimentaires est très excitant pour le domaine de la perception sensorielle » a déclaré Graham Hughes, un des auteurs de l’étude pour Science Alert.

Les chercheurs ont évoqué une mutation génétique chez l’un des trois Néandertaliens étudiés, le spécimen représentant une population de l’espèce vivant en Sibérie et en haute altitude. Or, la mutation en question a diminué la capacité de cet homme à sentir l’androsténedione, une hormone stéroïdienne provenant des glandes surrénales (sueur) et des gonades, l’étape intermédiaire dans la voie biochimique de la production de la testostérone. Ainsi, cette mutation avait de fortes chances d’être une chose positive dans la mesure où les Néandertaliens se massaient dans des grottes, un terrain propice à la macération des odeurs.

Les Néantertaliens pouvaient donc passer outre leur propre odeur. En revanche, les Denisoviens ont évolué différemment. L’étude suggère en effet que leur nez très développé leur octroyait une sensibilité à différentes odeurs, notamment sucrées comme celle du miel. Or, cette capacité leur permettait de trouver plus facilement de la nourriture riche en calories.