Dans le cadre d’un exercice de réflexion plutôt osé, le journaliste britannique Rowan Hooper a imaginé un futur dans lequel la neurobiologie aurait permis aux humains de vivre dans la peau d’une autre espèce vivante, le temps d’un instant.
Connecter notre cerveau à celui des animaux
Aujourd’hui rédacteur en chef du magazine New Scientist et ce depuis dix ans, le journaliste britannique Rowan Hooper est titulaire d’un doctorat en biologie évolutive. L’intéressé a travaillé comme biologiste au Japon mais également, pour le journal Japan Times pendant plusieurs années. Certains de ses travaux ont fait l’objet de publications dans certains médias de renom tels que The Guardian, le Washington Post ou encore, The Economist.
Dans un article paru le 7 mai 2025, Rowan Hooper a détaillé un scénario fictif sortant tout droit de son imagination. Il est ici question d’un monde futuriste dans lequel la neurobiologie (étude du cerveau) a énormément progressé et favorisé l’apparition d’une technologie inédite : la connexion d’un cerveau humain à celui d’une autre espèce vivante.
Rappelons au passage que depuis le début du XXIe siècle, la compréhension du cerveau a déjà effectué des progrès considérables. En 2016, des scientifiques ont élaboré une cartographie inédite du schéma de câblage des neurones du cerveau d’une mouche. En 2013, des chercheurs ont connecté les cerveaux de deux rats après l’implantation d’électrodes. Ceci a permis l’échange d’informations sensorielles entre les deux cerveaux et conduit à l’accomplissement d’une tâche sans incitation directe.

Quelle serait l’expérience la plus belle ?
Comme l’explique Rowan Hooper, un scientifique pourrait un jour décider de connecter son propre cerveau à celui d’un rat, à l’aide d’électrodes sans fil. Ces mêmes électrodes relieraient alors le cuir chevelu de l’humain au tissu cérébral du rat, plus précisément au niveau de la région optique de son cerveau – la plus accessible actuellement. En fermant les yeux, le chercheur pourrait potentiellement voir avec les yeux du rat. Néanmoins, il faut savoir que les rats ont une très mauvaise vision en raison de la présence de seulement deux types de cellules coniques.
Si l’expérience avec le rat devrait se montrer très décevante, d’autres tests pourraient être beaucoup plus intéressants et insolites. Cependant, il faudrait que davantage de régions du cerveau des animaux deviennent accessibles. Les humains pourraient alors avoir l’impression de ressentir tous les sens des animaux, avec potentiellement l’aide de l’IA pour interpréter ou traduire certaines sensations avant de les transmettre. L’une des plus belles expériences serait celle de voler comme un oiseau. En revanche, le cerveau des oiseaux ne dispose pas de cortex cérébral, si bien que la connexion serait loin d’être optimale. Dans le cadre d’une telle expérience, l’idéal serait de se connecter à une chauve-souris qui tout comme l’humain, est un mammifère.
Enfin, même si réfléchir à ce genre de scénario peut être intéressant, l’idée se confronte rapidement à des considérations relatives à l’éthique, principalement la cruauté envers les animaux. Dans le monde fictif imaginé par le journaliste, il y a fort à parier que les neurobiologistes abandonneraient assez vite ce type d’expérience.