Les Néandertaliens n’ont pas réellement disparu, mais ont été absorbés

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Crédits : gorodenkoff/istock

L’idée que les Néandertaliens ont simplement disparu est de plus en plus remise en question. Une nouvelle étude révèle qu’au lieu de s’éteindre, les Néandertaliens pourraient avoir été absorbés par les populations humaines modernes. Cette recherche montre que l’ADN humain moderne pourrait constituer entre 2,5 et 3,7 % du génome néandertalien, ce qui suggère une histoire d’échanges génétiques plus complexe et étroite entre les deux groupes.

Un passé de croisements génétiques

Les Néandertaliens, nos plus proches parents éteints, se sont séparés de la lignée humaine moderne il y a environ 500 000 ans. Des recherches antérieures ont révélé que ces derniers se sont croisés avec les ancêtres des humains modernes qui avaient quitté l’Afrique, laissant entre 1 et 2 % d’ADN néandertalien dans les génomes des populations non africaines actuelles. Cependant, la question de l’intégration de l’ADN humain moderne dans le génome de Neandertal était moins étudiée, principalement en raison de la rareté des génomes néandertaliens complets disponibles pour l’analyse.

Ces découvertes reposent sur l’analyse des génomes de trois spécimens néandertaliens bien conservés, provenant de la grotte de Vindija en Croatie et des grottes de Chagyrskaya et Denisova en Russie. Ces spécimens, datant d’il y a 50 000 à 80 000 ans, ont été comparés à ceux de 2 000 humains modernes. Les chercheurs ont utilisé des techniques pour détecter l’hétérozygotie, une situation où les deux versions d’un gène diffèrent, ce qui est plus probable chez les descendants de croisements entre populations distinctes.

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Reconstruction faciale (à droite) d’une femme néandertalienne à partir de son crâne (à gauche), retrouvé dans une grotte du Kurdistan irakien en 2018. Crédits : JUSTIN TALLIS

Une histoire complexe d’absorption des néandertaliens

Les résultats montrent que le génome néandertalien pourrait contenir entre 2,5 et 3,7 % d’ADN humain moderne, suggérant que les populations néandertaliennes des spécimens étudiés avaient des ancêtres humains modernes. Ces croisements auraient eu lieu lors d’au moins deux périodes distinctes : l’une il y a environ 200 000 à 250 000 ans et l’autre il y a environ 100 000 à 120 000 ans. Ces événements auraient alors laissé une empreinte durable dans le génome néandertalien, bien que d’autres croisements aient pu se produire sans laisser de traces détectables.

Les découvertes archéologiques soutiennent également cette histoire d’absorption. Par exemple, des fossiles découverts dans les grottes de Skhul et Qafzeh en Israël, datant d’environ 100 000 ans, montrent des caractéristiques à la fois humaines modernes et néandertaliennes. Cela pourrait indiquer un flux génétique entre les deux groupes à cette époque.

L’analyse des variations génétiques parmi les trois génomes néandertaliens indique également que la population néandertalienne moyenne à long terme était environ 20 % plus petite que précédemment estimée. Cette réduction de taille de population pourrait avoir contribué à leur assimilation par les humains modernes. Les vagues successives de migrations humaines modernes hors d’Afrique ont en effet peut-être surpassé les Néandertaliens, les intégrant finalement dans le patrimoine génétique humain moderne au lieu de les éradiquer.

Cette perspective suggère ainsi que la disparition des Néandertaliens n’était pas une extinction brutale, mais une fusion progressive. Des recherches futures pourraient explorer les effets biologiques de cette intégration, notamment comment l’ADN humain moderne a pu influencer la santé et la survie des Néandertaliens.

Les scientifiques ont détaillé leurs conclusions dans la revue Science.