Les scientifiques tentent toujours de déterminer l’origine de la disparition de notre plus proche cousin Neandertal il y a environ 40 000 ans. Plusieurs théories ont été proposées au cours de ces dernières années. L’une d’elles pointe du doigt la nature génocidaire unique à notre espèce.
Qu’est-ce qu’un génocide ?
Un génocide est une forme extrême de violence commise envers un groupe ethnique, religieux, national ou racial dans le but de détruire délibérément tout ou une partie de ce groupe en raison de son identité collective. Ce terme fut introduit pour la première fois par le juriste polonais Raphaël Lemkin en 1944. Il combine les mots grecs « genos » (qui signifie « race » ou « tribu ») et « cide » (qui signifie « meurtre »). Lemkin avait développé ce concept dans le but de décrire et de condamner les atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment l’Holocauste perpétré par les nazis.
Quelques autres exemples notoires incluent le génocide arménien en 1915, le génocide au rwandais en 1994 ou encore celui du Cambodge sous le régime des Khmers rouges dans les années 1970. Et si bien avant cela, Neandertal avait lui aussi été victime d’un génocide ?
La disparition des Néandertaliens
Neandertal vécut en Europe et en Asie il y a environ 400 000 à 40 000 ans. Les néandertaliens étaient étroitement apparentés aux humains modernes (Homo sapiens), mais présentaient des caractéristiques distinctives telles que des corps robustes, un crâne allongé et des arcades sourcilières prononcées. Malgré ces différences, nous savons que nos deux espèces se sont mêlées, comme en témoigne la part de Neandertal toujours présente dans notre génome aujourd’hui.
Quant à sa disparition, elle reste un sujet de débat parmi les anthropologues. L’une des idées proposées suggère que les humains modernes ont été en concurrence directe avec les néandertaliens pour les ressources et les territoires. Une autre théorie suppose qu’au lieu d’être complètement remplacés par les humains modernes, les néandertaliens auraient été absorbés génétiquement et culturellement après de multiples hybridations, entraînant finalement leur extinction en tant que groupe distinct à mesure que les populations d’humains modernes augmentaient.
Certains chercheurs soutiennent également l’idée que les fluctuations climatiques et environnementales à cette époque ont pu jouer un rôle dans leur extinction. Des changements dans l’habitat, tels que des périodes glaciaires, des modifications des ressources alimentaires ou des perturbations de l’écosystème, auraient en effet pu mettre les néandertaliens en difficulté pour s’adapter et survivre. Enfin, une théorie suggère que les humains modernes avaient des capacités cognitives et culturelles supérieures, notamment en termes de langage, d’organisation sociale et de capacité d’innovation technologique. Ces avantages culturels leur auraient donné un avantage évolutif sur les néandertaliens, conduisant à leur extinction. Et si en réalité, la raison était un peu plus cruelle ?

Neandertal victime d’un génocide
Dans son ouvrage A Criminology of the Human Species, le Dr Yarin Eski, expert en criminologie, à l’Université libre d’Amsterdam, soutient en effet l’idée que la violence génocidaire et l’exploitation de masse sont des caractéristiques déterminantes de l’être humain. En analysant les tendances criminelles de notre psyché et en soulignant le rôle qu’elles ont joué dans l’histoire du monde, il propose en effet que notre capacité à « déshumaniser » les autres de manière imaginative est ce qui nous a conduits à devenir l’espèce dominante sur la planète.
Dans ce livre où il cite les exemples de l’Égypte ancienne, de l’Empire romain, de la colonisation européenne de l’Asie et des Amériques et enfin de l’Allemagne nazie, il suppose également que notre « talent pour le meurtre » était également déjà présent il y a 40 000 ans et que nos anciens cousins en ont probablement payé le prix. Si tel est le cas, alors l’extinction de Neandertal devrait être reconnue comme un génocide.