Un nouvel aliment inscrit au menu de Neandertal

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Crédits : Tom Bjorklund

Des découvertes archéologiques faites le long de la côte portugaise montrent que Neandertal aimait rôtir des crabes il y a plus de 90 000 ans. Ces travaux sont un rappel supplémentaire que nos cousins ​​les plus proches n’étaient pas aussi primitifs qu’on le pensait il y a encore quelques années seulement. Cette espèce disparue il y a environ 40 000 ans partageait en réalité de nombreux points communs avec la nôtre. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Frontiers in Environmental Archaeology.

La consommation de petites proies par les hominidés avait fait l’objet de nombreuses discussions parmi les spécialistes au cours de ces dernières décennies, ces ressources ayant été longtemps considérées comme improductives pour l’époque en raison de leur faible rendement en chair et, par conséquent, de leur faible rendement énergétique.

Depuis, des études ethnographiques ont suggéré que les petites proies étaient une ressource fiable et prévisible. D’ailleurs, si Neandertal pouvait s’attaquer à beaucoup plus gros que lui, de plus en plus de preuves témoignent de l’exploitation de ces petits animaux comme les léporidés, les oiseaux ou les tortues pour ne citer que quelques exemples.

Nous savons aussi que la récolte de produits de la mer jouait un rôle important dans l’économie de subsistance des Néandertaliens qui évoluaient près des côtes au cours du dernier âge interglaciaire. En 2020, par exemple, une étude révélait que Neandertal consommait occasionnellement des coquillages dans la Grotta dei Moscerini, située à quelques mètres au-dessus d’une plage dans la région du Latium, en Italie. Cette étude montre par ailleurs qu’il y a 90 000 ans, certains Néandertaliens de la péninsule ibérique attrapaient, cuisinaient et mangeaient des crabes.

Des avantages nutritionnels significatifs

Ces découvertes ont été faites sur le site de Gruta de Figueira Brava, au sud du Portugal. À la fin du dernier interglaciaire, les Néandertaliens récoltaient régulièrement des spécimens dans des bassins de la côte rocheuse voisine. Selon les auteurs des travaux, ils ciblaient des animaux adultes avec une largeur de carapace moyenne de seize centimètres. Ces animaux étaient ensuite apportés à la grotte où ils étaient rôtis sur des braises, puis mangés.

Les chercheurs ont estimé la taille de ces crabes en déterminant la taille de la carapace par rapport aux pinces. Les pinces ont en effet tendance à mieux se conserver que les autres parties du crabe. Ces crustacés, qui étaient pour la plupart de gros adultes, produisaient environ 200 g de chair. Les manger aurait donc offert des avantages nutritionnels significatifs. En étudiant les modèles de dommages, les chercheurs ont également exclu l’implication d’autres prédateurs. En outre, les brûlures noires sur certaines des coquilles retrouvées suggèrent que ces crabes étaient chauffés à environ 300-500 degrés Celsius avant d’être consommés.

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Crédits : 12019/Pixabay

Neandertal plus « humain » qu’on ne le pensait

« Nos résultats ajoutent un clou supplémentaire au cercueil de la notion obsolète selon laquelle les Néandertaliens étaient des habitants primitifs des cavernes qui pouvaient à peine gagner leur vie grâce aux carcasses de gros gibier récupérées« , soulignent les auteurs.

Avec les preuves associées de la consommation à grande échelle de patelles, de moules, de palourdes et d’une gamme de poissons, ces données mettent également à mal la notion selon laquelle les aliments marins ont joué un rôle majeur dans l’émergence de capacités cognitives présumées supérieures des premières populations humaines modernes de l’Afrique subsaharienne.

Ainsi, encore une fois, nos cousins néandertaliens nous ressemblaient bien plus qu’on ne le pensait. Il y a quatre ans, les analyses d’une trentaine de squelettes avaient également suggéré qu’ils soignaient aussi leurs malades et blessés, et venaient en aide aux femmes enceintes. Nous savons également que Neandertal, souvent dépeint comme un être sanguinaire, n’était finalement pas plus violent que l’Homme moderne. Plus récemment, nous avons également appris que leurs nouveau-nés avaient un poids comparable à celui des nouveau-nés humains modernes, indiquant une histoire gestationnelle probablement similaire.