Quand notre cousin Neandertal a-t-il disparu ? Les chercheurs s’interrogent depuis longtemps. Les restes retrouvés dans une grotte en Belgique contribuent aujourd’hui au débat. Ces fossiles, censés représenter les derniers survivants de cette espèce en Europe, sont en réalité beaucoup plus anciens que prévu.
La grotte de Spy, située au sud du village d’Onoz dans la province de Namur (Belgique), est un site paléolithique connu depuis la fin des années 1800 suite à la découverte de fossiles humains, que l’on attribua ensuite à Neandertal. Des analyses précédentes, faites par datations au radiocarbone, avaient alors suggéré que les individus présents dans cette fameuse grotte étaient morts il y a seulement 24 000 ans. À ce titre, ils représentaient alors les derniers survivants de leur espèce découverts en Europe.
Une étude publiée ce lundi dans la revue scientifique PNAS repousse drastiquement ces estimations. En réalité, ces ossements seraient vieux de 44 200 ou 40 600 ans.
Datation au radiocarbone
Sur Terre, tous les êtres vivants absorbent du carbone au cours de leur vie, y compris la forme radioactive du Carbone 14 (C14), qui se forme dans l’atmosphère et se désintègre avec le temps. Suite à la mort d’un organisme, ce Carbone 14 va ainsi décroître progressivement pour se transformer en Azote 14.
Nous savons alors que la demie-vie du C14 est de 5 730 ans. Autrement dit, en 5 730 ans, la moitié des atomes de C14 aura disparu. Et ainsi de suite. Au final, cette méthode permet de dater des objets jusqu’à environ 35 000 ans. En s’appuyant sur plusieurs instruments (spectromètre de masse, accélérateur de particules), il est aujourd’hui possible de dater des objets sur 50 000 ans.
Pour ces analyses d’ossements en général, les chercheurs extraient la partie constituée de collagène, car ce dernier est organique. En revanche, il peut arriver que ces échantillons soient contaminés. À titre d’exemple, il est récemment apparu d’un os d’épaule de Neandertal daté auparavant de 28 000 ans était en réalité fortement contaminé par de l’ADN bovin, suggérant que l’os avait été préservé avec une colle à base d’os de bovins.

Une méthode plus robuste
Dans le cadre de ces travaux dirigés par Thibaut Deviese, de l’Université d’Oxford et de l’Université d’Aix-Marseille, les chercheurs sont allés un peu plus en profondeur en analysant les éléments constitutifs du collagène (acides aminés). De cette manière, ils se sont assurés d’exclure tous les contaminants possibles. Finalement, comme énoncé plus haut, les ossements n’étaient pas vieux de 24 000 ans, mais de 44 200 ou 40 600 ans.
« La datation est cruciale en archéologie. Sans un cadre chronologique fiable, nous ne pouvons pas vraiment être sûrs de comprendre les relations entre les Néandertaliens et les Homo sapiens », souligne Tom Higham, de l’Université d’Oxford.
Avoir une idée précise du moment où nos cousins ont disparu est également essentiel si nous voulons déterminer la raison pour laquelle nos anciens cousins ont finalement disparu.
Pour l’heure la question reste ouverte, même si plusieurs pistes ont déjà été avancées, comme la concurrence accrue avec notre espèce. Le dérèglement climatique pourrait également avoir compliqué l’accès de cette espèce à la nourriture. Des recherches récentes ont aussi avancé que la disparition de Neandertal pourrait avoir un lien avec une infection commune chez les nourrissons humains : les otites.