Une étude révèle pour la première fois que notre cousin Neandertal chassait les lions des cavernes et utilisait la peau de ce dangereux carnivore.
L’influence des lions des cavernes sur les humains
La relation entre les carnivores et les hominidés eut une influence profonde sur le parcours évolutif et le comportement de notre lignée depuis ses débuts. Au fil des millénaires, cette interaction a en effet eu un rôle crucial dans la façon dont nos ancêtres humains se sont adaptés à leur environnement et ont évolué.
Lorsque les hominidés partageaient les mêmes paysages que les grands carnivores, la compétition pour les ressources, notamment la nourriture, était inévitable. Cette compétition entraînait inévitablement des rencontres mortelles entre les deux groupes, poussant également nos ancêtres à développer des compétences de chasse, de protection et de survie. L’évolution de la bipédie, qui permit aux hominidés de se tenir debout et de libérer leurs mains pour la manipulation d’outils, est un exemple connu de cette adaptation.
Nous savons également que les grands carnivores ont influencé le comportement culturel des humains du Paléolithique. Les hominidés utilisaient en effet des parties des corps de ces animaux, comme les os, les dents et les griffes, pour créer des ornements et des outils. La représentation des grands carnivores dans l’art paléolithique, sous forme de peintures rupestres ou de sculptures, témoigne également de l’importance de ces animaux dans l’imagination et la culture des premiers humains. Ainsi, comprendre les fondements de ces relations complexes entre les hominidés et les carnivores est essentiel pour l’étude de l’histoire humaine, d’où l’intérêt de cette nouvelle découverte.
Les premières preuves de chasse
Pendant le Paléolithique supérieur, les représentations artistiques de lions étaient de plus en plus fréquentes. Cependant, les interactions entre hominidés et ces grands prédateurs à des époques antérieures étaient encore mal comprises et principalement interprétées comme une compétition entre espèces.
Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs décrivent toutefois les premières interactions directes entre Neandertal et les lions des cavernes pendant le Paléolithique moyen. L’équipe a examiné les restes de l’un de ces animaux découverts par un adolescent à Siegsdorf, en Bavière. Une analyse plus approfondie de ce squelette vieux d’environ 48 000 ans a alors révélé des dommages inhabituels sur une côte qui ont ensuite été identifiés comme le résultat d’un impact d’arme.
« La lésion diffère clairement des marques de morsure des carnivores et montre le schéma de rupture typique d’une lésion causée par une arme de chasse« , précise Gabriele Russo, de l’Universität Tübingen. « Le lion a probablement été tué par une lance qui a été enfoncée dans son abdomen alors qu’il gisait déjà sur le sol« . Ce squelette ancien a donc permis aux chercheurs de démontrer pour la première fois que les Néandertaliens chassaient les lions des cavernes, mais pas que. Les marques de coupure montrent également que nos anciens cousins ont consommé sa viande.
Une autre preuve indirecte
En outre, même s’il ne s’agit pas d’une preuve de chasse directe, les chercheurs décrivent l’analyse d’un os d’orteil présentant une marque de coupure isolée parmi les restes d’un autre lion des cavernes. Ces derniers, vieux d’environ 200 000 ans, ont été découverts lors de fouilles menées en 2019 à Einhornhöhle (grotte de la Licorne) dans les montagnes du Harz (Basse-Saxe, Allemagne). L’équipe a déterminé que les Néandertaliens avaient retiré la peau du lion avec les griffes attachées, ce qui suggère qu’ils utilisaient la peau à leurs propres fins.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Scientific Reports.