La NASA vient de « parler » avec Voyager 1, à plus de 20 milliards de kilomètres de la Terre

Crédits : NASA, ESA, and G. Bacon (STScI)

Dans l’obscurité froide de l’espace interstellaire, loin de la ceinture de Kuiper, Voyager 1 poursuit son voyage. La sonde est aujourd’hui à plus de 20 milliards de kilomètres de notre planète — environ 140 fois la distance entre le Soleil et la Terre. Et pourtant, nous pouvons toujours communiquer avec elle.

La semaine dernière, l’agence américaine envoyait en effet des instructions sur plus de 20 milliards de kilomètres de distance pour réactiver des propulseurs de secours en sommeil depuis 37 ans. Il aura fallu patienter 19 heures et 35 minutes pour « entendre » le retour du vaisseau spatial. Une véritable prouesse technique qui devrait « permettre de prolonger la vie de Voyager 1 de deux ou trois ans », s’est félicitée dans un communiqué Suzanne Dodd, directrice de projet pour la NASA.

Depuis plus de 40 ans, depuis son lancement le 5 septembre 1977, la sonde Voyager 1 est « orientée » de façon très spécifique. Dans l’espace, l’engin n’a normalement pas besoin de propulsion (ce qui ne l’empêche pas d’avancer à environ 17 kilomètres par seconde), mais il faut néanmoins la maintenir « en position » pour que son antenne puisse rester pointée vers la Terre, pour que nous puissions communiquer avec elle. Remettre en service des propulseurs en sommeil depuis 37 ans à cette distance était donc un véritable défi.

Pour y parvenir, les ingénieurs de la NASA ont dû « examiner les logiciels qui avaient été codés dans un langage obsolète », explique l’ingénieur en chef Chris Jones. Il aura fallu patienter 19 heures et 35 minutes pour que le résultat de leur test parcoure, à la vitesse de la lumière, l’immense distance séparant la sonde de la Terre, avant de constater mercredi le succès de leur mission. Ces quatre propulseurs reprendront du service en remplacement d’autres propulseurs dont les ingénieurs avaient constaté une dégradation depuis 2014. La NASA envisage par ailleurs de réaliser un test similaire sur Voyager 2 dans les prochaines semaines.

Notons que les propulseurs du Voyager sont alimentés par de l’hydrazine. Il y en a suffisamment à bord pour maintenir les propulseurs opérationnels jusqu’en 2040, mais nous perdrons probablement le contact avec le vaisseau spatial bien avant cela. Les instruments scientifiques de Voyager 1 sont en effet alimentés par du plutonium, qui devrait normalement arrêter de produire de l’électricité vers 2023. Après cela, ce sera silence radio, mais la sonde poursuivra son chemin dans l’immensité de l’espace interstellaire.

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