En prévision de l’une des missions planétaires les plus ambitieuses de l’histoire, la NASA a testé avec succès les deux moteurs qui seront chargés de propulser la première fusée à décoller depuis la surface d’une autre planète.
Une mission historique
La NASA et l’ESA collaborent dans le cadre d’une mission visant à rapporter sur Terre des échantillons martiens. La première étape de ce processus est en cours avec le travail de Perseverance qui est chargé de collecter des échantillons et de les placer sous scellé.
D’ici une décennie, un atterrisseur se posera sur Mars avec dans ses bagages une petite fusée de trois mètres de haut à deux étages : le Mars Ascent Vehicle (MAV). Perseverance sera alors chargé de remettre ses échantillons à l’atterrisseur qui, avec un bras spécial, se chargera lui-même de les placer à l’intérieur de la petite fusée.
Notez qu’en l’état, cette fusée ne pourra pas allumer ses moteurs directement. Le but sera donc de la lancer dans les airs à environ 45 degrés grâce à un système de lancement baptisé VECTOR (Vertically Ejected Controlled Tip-Off Release). Les moteurs de la fusée s’enflammeront à quelques mètres du sol pour la propulser en orbite martienne.
Un tel système de lancement à froid a déjà été utilisé sur Terre, notamment par les missiles Peacekeeper de l’US Air Force. En revanche, opérer de cette manière sur une autre planète sera une grande première.
Si tout se passe bien, une fois en orbite à environ 400 kilomètres au-dessus de la planète, une sonde européenne rejoindra la fusée dans le but de récupérer sa capsule d’échantillons. Celle-ci rejoindra ensuite la Terre, probablement au début des années 2030.

Premiers tests pour les moteurs
Étant donné qu’il s’agit d’une première conception de fusée à décoller d’une autre planète et qu’elle devra le faire de manière autonome après avoir voyagé pendant des mois dans le vide et le froid de l’espace, la NASA tient à s’assurer que ce lanceur fonctionnera correctement. Récemment, l’agence a donc testé les deux moteurs (SRM1 et SRM2) chargés de le propulser.
Le SRM1, qui sera le moteur du premier étage, a été testé dans une chambre à vide refroidie à -20 °C à la Edwards Air Force Base, en Californie. Pendant ce temps, le SRM2, qui sera le moteur du second étage, a été testé dans les installations de Northrop Grumman à Elkton, dans le Maryland.
Selon la NASA, les moteurs ont réussi leurs qualifications. « Ce test démontre que notre pays a la capacité de développer un lanceur qui peut être suffisamment léger pour se rendre sur Mars et suffisamment robuste pour mettre un ensemble d’échantillons en orbite à ramener sur Terre« , a déclaré Benjamin Davis, directeur du MAV. « Le matériel nous indique que notre technologie est prête à poursuivre le développement« .
Malheureusement, il demeure encore une incertitude quant à la bonne tenue de cette incroyable mission. Un récent comité sénatorial américain a en effet demandé à la NASA de limiter les coûts totaux de la mission à 5,3 milliards de dollars, tandis que l’agence estime les coûts de développement à 9 milliards de dollars. Si le Sénat refuse d’allouer des fonds supplémentaires ou si la NASA ne parvient pas à trouver les bonnes coupes budgétaires, ces échantillons martiens pourraient ne jamais revenir sur Terre.
