Une équipe de la NASA planche sur le développement d’une nouvelle mission visant à sonder le milieu interstellaire. Ce projet, très ambitieux, viserait à répondre aux questions que les sondes Voyager n’ont pas pu aider à répondre.
Les sondes Voyager 1 et 2 évoluent depuis quelques années dans l’espace interstellaire. Ici, où le Soleil n’est plus totalement roi, les deux vaisseaux ont renvoyé des données intéressantes permettant de sonder la composition de cette espace. Cependant, l’objectif principal de ce programme était de collecter des données scientifiques sur les planètes extérieures de notre système, à savoir Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. C’est pourquoi, à la base, ces deux sondes n’ont pas été spécialement équipées pour analyser ce milieu.
Ce qu’aimerait désormais la NASA, c’est libérer une nouvelle sonde dans cet espace interstellaire équipée d’instruments construits spécialement à cet effet. Certains détails de ces plans ont été révélés lors de l’Assemblée générale de l’Union européenne des géosciences 2021.
« La sonde interstellaire irait dans l’espace interstellaire local inconnu, où l’humanité n’a jamais été auparavant« , a déclaré le Dr Elena Provornikova du laboratoire de physique appliquée Johns Hopkins. « Pour la première fois, nous pourrions prendre une photo de notre vaste héliosphère de l’extérieur pour voir à quoi ressemble notre maison : le système solaire« .

Une sonde à 1000 UA du Soleil
Elena Provornikova et son équipe achèveront bientôt leur étude de concept menée sur quatre ans visant à définir les objectifs possibles d’une telle mission, ou encore le type d’instruments requis pour les atteindre. Une version précédente de cette mission interstellaire avait été proposée en 1999, mais elle ne s’était jamais concrétisée.
Si celle-ci voit le jour, les chercheurs espèrent qu’elle pourrait être lancée d’ici dix à douze ans. Comptez ensuite environ quinze ans pour atteindre l’héliosphère (les sondes Voyager ont mis trente-cinq ans pour y arriver).
Sur le papier, cette mission est en revanche beaucoup plus ambitieuse. Voyager 1, par exemple, vogue actuellement à 152 unités astronomiques du Soleil (152 fois la distance de la Terre – Soleil). La sonde proposée, elle, viserait à collecter des données jusqu’à 1 000 UA du Soleil. Bien sûr, les sondes Voyager, Pioneer et New Horizons atteindront un jour ou l’autre de telles distances, mais nous aurons perdu le contact avec elles depuis très, très longtemps.
En plus d’échantillonner le milieu interstellaire pour faire des mesures (composition, ionisation, champ magnétique), une telle mission pourrait également nous aider à comprendre comment le plasma du Soleil interagit avec le gaz interstellaire pour créer notre héliosphère. Nous pourrions aussi définir ce qui se trouve au-delà de notre héliosphère, ou même sa forme (encore spéculative).