La NASA retarde d’un an le lancement de son rover lunaire VIPER pour effectuer des tests supplémentaires sur l’atterrisseur lunaire Griffin d’Astrobotic, qui livrera le robot dans la région polaire sud de la Lune.
La mission VIPER
La mission Volatiles Investigating Polar Exploration Rover de la NASA, ou VIPER, implique le lancement d’un robot mobile destiné à se rendre au pôle sud de la Lune. Ce dernier cherchera à obtenir une vue rapprochée de l’emplacement et de la concentration de glace d’eau. Par la suite, cette eau pourrait potentiellement être récoltée pour soutenir une exploration humaine durable.
Le rover doit opérer dans le cratère Nobile. Il utilisera une perceuse d’un mètre de long guidée par un spectromètre à neutrons conçu pour détecter les zones plus humides sous la surface. Deux spectromètres serviront également à l’analyse des échantillons. VIPER concentrera ses efforts dans des zones privées de lumière solaire.
Pour poser le rover sur la Lune, la NASA s’est entendue avec Astrobotic, basée à Pittsburgh, dans le cadre de son programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS). À cette fin, la société développe un atterrisseur nommé Griffin. VIPER et son atterrisseur devaient s’envoler pour la Lune à bord d’une fusée Falcon Heavy de SpaceX en novembre 2023. Finalement, la NASA a déclaré qu’elle retardait le lancement de sa mission à novembre 2024.
Encore des inquiétudes
L’agence aimerait effectuer des essais au sol supplémentaires sur Griffin dans le but de réduire les risques lors de la phase d’atterrissage. Les ingénieurs de la NASA seraient notamment préoccupés par les vibrations potentiellement excessives ressenties par le rover. Pour mener à bien les travaux, la NASA vient de signer une nouvelle enveloppe de 67,8 millions de dollars à Astrobotic, portant la valeur totale du contrat à 320,4 millions de dollars.
VIPER est de loin la charge utile la plus importante et la plus chère affectée à une mission CLPS à ce jour. Le rover et son atterrisseur n’ayant pas encore terminé leurs conceptions et finalisé leurs exigences, il est possible que d’autres modifications supplémentaires soient nécessaires à l’avenir, ce qui devrait encore alourdir la facture.
Un autre facteur doit également être pris en compte : Astrorobotic n’a encore jamais rien posé sur la Lune.
Depuis plusieurs années, la société développe un atterrisseur baptisé Peregrine. Le véhicule proposera divers emplacements capables de stocker des charges utiles pour le compte de clients. Son vol inaugural est prévu pour la fin de cette année à bord d’une fusée Vulcan, de United Launch Alliance (ULA). Pour cette mission, Peregrine transportera plusieurs instruments, dont certains pour le compte de la NASA. Bien que Griffin soit un atterrisseur différent et plus grand que Peregrine, la NASA souligne que les machines partagent des sous-systèmes. Ainsi, tout problème rencontré avec la mission de Peregrine pourrait potentiellement affecter le développement de Griffin.
Rappelons enfin que ce n’est pas le premier retard pour VIPER. Lorsque l’agence a annoncé la mission du rover en 2019, elle prévoyait un lancement fin 2022 pour un coût de 250 millions de dollars. L’agence avait ensuite reporté son lancement à la fin de 2023 pour améliorer le rover et lui permettre de fonctionner pendant cent jours, contre les quatorze prévus initialement. Ces changements avaient également contribué à l’augmentation des coûts.