La production de plutonium 238 repart lentement, mais sûrement pour la NASA. L’agence américaine n’a pas le choix : les stocks de cet « ingrédient » essentiel aux futures missions spatiales pourraient en effet s’épuiser dans les huit années à venir.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Système solaire n’est pas une petite banlieue où les corps sont étroitement nichés. Les distances sont longues et il fait souvent bien trop froid pour ne compter que sur notre étoile pour avancer. L’énergie solaire est suffisante pour les missions « intérieures ». Mais au-delà de la Ceinture d’astéroïdes, l’utilisation de générateurs thermoélectriques radioisotopiques à base de plutonium plus communément appelés RTG est la plus adaptée. C’est la chaleur dégagée par la désintégration radioactive d’un isotope du plutonium, le plutonium 238, qui alimente les sondes en énergie.
À l’heure actuelle, le plutonium 238 est donc le seul « ingrédient » permettant à la NASA de se rendre aux confins du Système solaire puisqu’à ces distances, les panneaux solaires sont insuffisants pour alimenter les sondes. En plus, le Plutonium 238 dure longtemps. C’est pourquoi quarante ans après le départ des sondes Voyager, ces sondes fonctionnent toujours aujourd’hui et sont en train de quitter le Système solaire. Néanmoins, la NASA pourrait bientôt manquer de cet isotope. Du moins, c’est ce qu’a laissé entendre un rapport du Government Accountability Office publié ce mercredi.
Aux États-Unis, la production de plutonium 238 a été arrêtée depuis la fin des années 1980 et a doucement repris depuis 2013, mais la NASA pourrait néanmoins manquer de « carburant » d’ici « les huit prochaines années », d’après le rapport. Cela compromet la « capacité de la NASA à utiliser le RPS comme source d’énergie pour de futures missions ». La Russie en a vendu à la NASA dans les années 1990 et 2000, mais a cessé d’en vendre vers 2009, probablement parce que ses réserves datant de la guerre froide étaient épuisées. Pour vous donner une idée, il reste environ 35 kilos de plutonium en réserve à la NASA. Une sonde comme Cassini en aura par exemple brûlé environ 23 kilos au cours de sa mission.
Pourtant, la NASA continue d’afficher ses ambitions et compte envoyer des engins spatiaux similaires pour explorer les océans cachés sur les lunes de Jupiter, revisiter Uranus, Neptune et même Pluton, et voyager vers d’autres destinations froides, mystérieuses et lointaines pour la première fois. Toutes ces missions ont besoin de l’énergie nucléaire. C’est pourquoi la NASA se remet à « cuisiner ».
En juillet 2011, le Congrès américain approuvait un nouveau financement de dix millions de dollars pour relancer la production de Pu-238 pour la première fois depuis la guerre froide. En décembre 2015, cinquante grammes de plutonium avaient déjà été préparés. Ce montant a depuis doublé pour atteindre environ cent grammes (un peu plus de deux balles de golf) et cent autres grammes devraient sortir des réacteurs au cours des prochains mois. Ce projet devrait coûter à l’agence spatiale environ vingt millions de dollars US par an jusqu’en 2026.
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