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La NASA recrée la surface mortelle de Vénus dans l’Ohio

Crédits : JPL / NASA

Une version minuscule de l’Enfer sur Terre se cache à Cleveland, dans l’Ohio : une chambre d’acier de 14 tonnes qui recrée fidèlement les conditions toxiques et brûlantes retrouvées sur Vénus, celle qui fut un jour la jumelle de la Terre.

Vue de loin, on la penserait tropicale, frappée d’un Soleil généreux. La Terre et Vénus ont en effet la même masse, la même taille, mais l’exotisme apparent de Vénus n’est qu’un mirage : derrière son épaisse atmosphère, celle qui fut un jour la jumelle de la Terre cache un véritable enfer. Des chercheurs de la NASA ont d’ailleurs tenté de recréer sur Terre les conditions dantesques qui règnent sur la surface de Vénus. Le but ? Exposer tout un panel de matériaux qui mèneront les chercheurs à construire engin spatial capable d’œuvrer des mois durant (ou même des années) sur la surface de Vénus au lieu d’être détruit presque instantanément.

Vénus n’est en effet pas ce que l’on pourrait appeler « une terre d’accueil ». L’une des dernières sondes à s’être aventurée près de la planète, Venera 13 (1982), n’avait tenu que 2 heures et 7 minutes. Il faut dire que Vénus est très corrosive. Si les chercheurs la soupçonnent d’avoir soutenu des océans chauds et peu profonds pendant au moins deux milliards d’années — ce qui laisserait les 1,2 milliard d’années nécessaires à la vie pour émerger et de prospérer, si vous utilisez la Terre comme un tableau de bord — Vénus n’est aujourd’hui qu’un paysage de désolation cuisant et toxique. En bref, Vénus est aujourd’hui le pire endroit à visiter dans le système solaire. Et pourtant, la NASA aimerait tout de même y faire un tour.

Crédits : GEER/NASA Goddard Spaceflight Center; Business Insider

Les données récoltées par les quelques sondes russes s’étant aventurées près de Vénus rapportent un atmosphère composée à près de 97 % de dioxyde de carbone (environ 100 fois plus épais que l’atmosphère terrestre) et une température de surface avoisinant les 460 °C, soit deux fois la température nécessaire pour enflammer le bois et faire fondre le plomb. Comme l’explique l’un des ingénieurs impliqués dans la mission : « marcher sur la surface de Vénus vous donnerait l’impression de marcher dans l’eau, à une pression équivalente à celle enregistrée à 100 mètres de profondeur. Une eau chaude et mortelle ». C’est assez difficile à appréhender, mais le chercheur suppose que « ce serait comme vous coller au fond d’une cocotte-minute ». Néanmoins, les ingénieurs se donnent alors les moyens de pouvoir tester tout un panel de matériaux pouvant résister à une mission sur le long terme en recréant ces conditions extrêmes sur Terre.

Le Japon est actuellement la seule nation à disposer d’une sonde autour de Vénus, appelée AkatsukiLes. Quant aux États-Unis, rien depuis 1989, avec l’orbiteur Magellan et rien n’a atterri sur Vénus depuis 45 ans. Cependant, la NASA réfléchit actuellement au lancement d’un projet de sonde baptisé DAVINCI. C’est pourquoi l’agence spatiale soutient la recherche de matériaux plus résistants. Le projet, prévu pour 2023, prétend déjà se parachuter au-dessus de la planète pour traverser l’atmosphère, récoltant au passage des échantillons de gaz et, pourquoi pas, prendre quelques photos en haute résolution de la surface.

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