Une révolution silencieuse : les nanotubes de carbone au service de l’intelligence artificielle

La puce d'intelligence artificielle spécialisée en « nanotubes de carbone »
Crédits : jadamprostore/istock

L’intelligence artificielle (IA) est en pleine expansion, révolutionnant de nombreux secteurs d’activité. Cependant, son développement est freiné par un défi majeur : la consommation énergétique. Les modèles d’IA, notamment ceux utilisés pour l’apprentissage profond, requièrent en effet une puissance de calcul colossale, ce qui entraîne une consommation d’énergie considérable. Pour répondre à cette problématique, les chercheurs explorent de nouvelles voies. Une équipe chinoise vient de faire une avancée significative en utilisant des nanotubes de carbone pour créer une unité de traitement de tenseurs (TPU) ultra-énergétique.

Les TPU : des accélérateurs pour l’IA

Les TPU sont des circuits intégrés spécialisés conçus pour accélérer les opérations mathématiques utilisées dans les modèles d’IA. Imaginez-les comme des supercalculateurs miniatures spécialement conçus pour les tâches très complexes utilisées dans l’intelligence artificielle. Ces tâches, qu’on appelle des « calculs tensoriels », sont un peu comme des casse-têtes géants que l’ordinateur doit résoudre pour apprendre.

En confiant ces casse-têtes au TPU, on soulage le processeur principal (le « cerveau » de l’ordinateur) et le processeur graphique (qui s’occupe des images). Grâce au TPU, l’ordinateur peut donc apprendre beaucoup plus vite et de manière plus efficace, ce qui est essentiel pour développer des intelligences artificielles toujours plus performantes.

Nouvelle percée

Jusqu’à présent, les TPU étaient principalement fabriqués à partir de silicium, un matériau semi-conducteur traditionnel. Plus récemment, des chercheurs chinois ont opté pour une approche différente en utilisant des nanotubes de carbone.

Ces minuscules structures cylindriques, composées d’atomes de carbone, confèrent aux TPU de nouvelles capacités remarquables. Grâce à leur conductivité exceptionnelle, les nanotubes de carbone permettent de réduire considérablement la consommation énergétique de ces puces, tout en augmentant significativement leur vitesse de calcul. En effet, leur architecture spécifique permet de traiter les données de manière plus efficace, minimisant ainsi les pertes d’énergie et optimisant les performances.

Les résultats obtenus par les chercheurs sont prometteurs. Ces derniers auraient en effet développé un TPU consommant près de 1 700 fois moins d’énergie qu’un modèle commercial, tout en atteignant un niveau de performance comparable.

La puce d'intelligence artificielle spécialisée en « nanotubes de carbone »
Crédits : Panuwat Sikham/istock

Vers une IA plus verte

La création de TPU à base de nanotubes de carbone marque donc une étape importante dans la recherche de solutions pour réduire l’empreinte énergétique de l’IA. En offrant une alternative plus économe en énergie aux puces en silicium, cette technologie pourrait permettre de démocratiser l’accès à l’IA et de développer de nouvelles applications, telles que l’intelligence artificielle distribuée ou l’IA embarquée dans des appareils mobiles.

Bien que les chercheurs aient réalisé des progrès significatifs, il reste encore de nombreux défis à relever avant de pouvoir commercialiser des TPU à grande échelle. La fabrication de nanotubes de carbone à l’échelle industrielle et l’intégration de ces matériaux dans les circuits intégrés sont en effet des enjeux complexes qui nécessitent des recherches supplémentaires. Néanmoins, les résultats obtenus par les chercheurs chinois sont encourageants et ouvrent la voie à une nouvelle génération de composants électroniques plus performants et plus durables.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Electronics.