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Crédits : Dacharlie/istock

Comment les nanoparticules pourraient permettre de lutter contre l’obésité

Des chercheurs ont mis au point une nouvelle stratégie pour combattre l’obésité en agissant directement sur l’absorption des graisses dans l’intestin grêle. Grâce à un système innovant de nanoparticules capable de libérer des molécules thérapeutiques dans le tube digestif, cette approche a montré un fort potentiel pour prévenir l’obésité liée à l’alimentation.

L’obésité : un défi majeur de santé publique

L’obésité est devenue l’un des plus grands défis de santé dans le monde et touche des millions de personnes. Cette maladie peut entraîner de graves complications, comme le diabète de type 2, les maladies cardiaques et même certains types de cancer. De nombreuses personnes essayent de contrôler leur poids par des régimes alimentaires et de l’exercice, mais ces efforts ne sont pas toujours suffisants ou faciles à maintenir à long terme.

Les traitements actuels contre l’obésité incluent des régimes très stricts, des médicaments ou même des chirurgies comme la pose d’un anneau gastrique. Cependant, ces solutions peuvent être contraignantes, difficiles à suivre ou comporter des risques. C’est pourquoi les chercheurs continuent de chercher des traitements innovants et moins invasifs pour aider les personnes à perdre du poids de manière durable et sans complications majeures.

Un nouveau traitement pour bloquer l’absorption des graisses

Récemment, une équipe de chercheurs a dévoilé une nouvelle approche prometteuse pour lutter contre l’obésité. Au lieu de se concentrer sur la réduction de la consommation de graisses alimentaires, ce nouveau traitement s’attaque directement à la façon dont le corps absorbe les graisses dans l’intestin. Cette approche pourrait ainsi ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et plus faciles à suivre pour les patients.

Le concept est simple : lorsque nous mangeons des aliments riches en graisses, notre corps les décompose dans l’intestin avant de les absorber pour les utiliser ou les stocker sous forme de graisse corporelle. Ce processus est en partie contrôlé par une enzyme appelée SOAT2. L’idée derrière ce nouveau traitement est de bloquer l’activité de cette enzyme afin de réduire la quantité de graisses absorbées par le corps.

Comment ce traitement fonctionne-t-il ?

Le traitement repose sur l’utilisation de nanoparticules, de minuscules capsules capables de transporter des médicaments directement à un endroit précis du corps. Dans ce cas, elles transportent de petites molécules d’ARN (appelées siRNA) qui agissent comme des interrupteurs pour réduire l’activité de SOAT2 dans l’intestin. Ces siRNA empêchent l’enzyme SOAT2 de faire son travail, ce qui réduit l’absorption des graisses.

La clé du succès de cette approche réside dans la capacité des nanoparticules à atteindre l’intestin de manière ciblée et à y libérer le traitement. Cela signifie que le reste du corps, comme le foie, n’est pas affecté. C’est important, car des études précédentes ont révélé que le simple fait de bloquer SOAT2 dans le foie pouvait causer des problèmes de santé, notamment une accumulation excessive de graisses dans cet organe. Avec cette nouvelle méthode, ces effets secondaires sont évités, car seule l’absorption des graisses dans l’intestin est ciblée.

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Schéma réactionnel de la synthèse des nanoparticules. Crédits : Advanced Science (2024)

Des résultats prometteurs chez les animaux

Lors d’essais menés sur des souris, les résultats ont été très encourageants. Les animaux traités avec ces nanoparticules ont en effet absorbé beaucoup moins de graisses que les autres, même lorsqu’ils suivaient un régime alimentaire très riche en graisses. En conséquence, ces souris n’ont pas pris de poids, malgré une alimentation qui aurait normalement conduit à l’obésité.

Bien que les résultats des essais sur les souris soient prometteurs, il reste cependant encore du chemin à parcourir avant que ce traitement puisse être utilisé chez l’Homme. La prochaine étape pour les chercheurs sera de tester cette méthode sur des animaux plus grands afin de s’assurer que le traitement est sûr et efficace à une plus grande échelle. Si ces tests réussissent, des essais cliniques pourraient être lancés pour évaluer son utilisation chez les humains.

Des avantages significatifs pour les patients

En cas de succès, ce nouveau traitement présenterait de nombreux avantages par rapport aux options actuelles. D’abord, il serait non invasif, c’est-à-dire qu’il n’impliquerait pas d’opérations chirurgicales ou de traitements compliqués. Le médicament serait en effet pris par voie orale, ce qui est beaucoup plus simple et moins contraignant pour les patients. Ensuite, il présenterait un faible risque d’effets secondaires, un point crucial pour les traitements à long terme.

Enfin, contrairement à d’autres traitements contre l’obésité, cette méthode pourrait être plus facile à suivre dans la durée. Les médicaments actuels peuvent être difficiles à maintenir et nécessitent souvent des régimes stricts ou des suivis médicaux intensifs. Avec ce nouveau traitement, les patients pourraient bénéficier d’un moyen simple et direct de réduire l’absorption des graisses même s’ils ne changent pas radicalement leur alimentation.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.