Une mystérieuse forêt sous-marine témoigne d’un changement climatique brutal

Crédits : Ben Raines

Au large de la côte de l’Alabama, dans le golfe du Mexique, se cache une relique du passé de notre planète : une ancienne forêt de cyprès sous-marine vieille de plus de 50 000 ans.

Il y a quelques années, des plongeurs découvraient à leur grande surprise une forêt vierge à près de vingt mètres sous les eaux, au large des côtes de l’État d’Alabama. Il s’agit d’une forêt de cyprès chauves âgés d’environ 60 000 ans, ensevelie sous les sédiments océaniques et à l’abri dans un environnement dépourvu d’oxygène. Ben Raines, l’un des premiers plongeurs ayant exploré la forêt sous-marine et directeur de la fondation à but non lucratif Weeks Bay, qui étudie les estuaires, assurait à l’époque que les arbres étaient si bien conservés qu’ils sentaient encore la sève fraîche des cyprès.

La forêt désormais sous-marine s’étend sur une superficie de 0,8 km à plusieurs kilomètres de Mobile, la troisième ville d’Alabama et au centre du Golfe du Mexique. La forêt sous-marine se situe à environ 18 mètres au-dessous de la surface de ce dernier, mais évoluait durant une époque glaciaire il y a environ 60 000 ans sur un littoral côtier situé à l’époque beaucoup plus au sud. L’élévation du niveau de la mer aura finalement enfoui la forêt dans la boue pendant des millénaires jusqu’à ce que l’ouragan Ivan ne vienne déterrer le site en 2004. Il y a 60 000 ans le climat était plus frais et une grande partie de la mer était contenue dans des glaciers, permettant à cette ancienne forêt d’évoluer à découvert.

La découverte extraordinaire donne ainsi l’occasion unique aux chercheurs de pouvoir étudier ce bois enfoui et pourquoi pas de révéler certains secrets détenus dans les anneaux des arbres, y compris les profils de croissance, les différentes graines qui évoluaient à l’époque ou encore l’étude d’éventuels microfossiles hermétiquement scellés depuis des millénaires.

Les premières analyses suggèrent par ailleurs que ces arbres ont tous été stressés et sont morts à peu près au même moment, peut-être en raison de la hausse du niveau de la mer. En effet, le cyprès chauve déteste l’eau salée, à son contact, le cyprès commence à réduire sa croissance et finit par mourir. « C’était un changement assez rapide géologiquement parlant », a déclaré Martin Becker, un paléontologue à l’Université William Paterson (New Jersey) qui a visité le site.

Notons que l’importance de cette forêt de cyprès préhistorique ne doit pas être sous-estimée, c’est pourquoi les coordonnées exactes de son emplacement n’ont pas été communiquées, de sorte que rien ne puisse entraver les analyses en cours. Pour vous consoler, vous pouvez toujours visionner ce film :

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