Mystère sous-marin : un étrange son capté sous les eaux de l’Antarctique intrigue depuis 1960

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Crédits : Ivan Grabilin/istock

Depuis plus de soixante ans, un phénomène sonore énigmatique résonne sous les eaux glaciales de l’Antarctique. Détecté pour la première fois en 1960, ce bruit mystérieux, surnommé « Bio-Duck » en raison de sa ressemblance avec le caquètement d’un canard, défie toujours la compréhension des scientifiques, mais de nouvelles analyses suggèrent que ces sons pourraient être une forme de communication organisée.

Une découverte fascinante : des « dialogues » sous-marins ?

Lors de la 187e réunion de l’Acoustical Society of America, Ross Chapman, expert en acoustique marine à l’université de Victoria (Canada), a présenté des résultats intrigants. En analysant des décennies d’enregistrements, son équipe a découvert que le phénomène impliquait plusieurs « interlocuteurs » dispersés dans l’océan.

« Ce qui nous a frappés, c’est que lorsqu’un émetteur produisait un son, les autres restaient silencieux, comme s’ils écoutaient, avant de répondre à leur tour », explique Chapman. Ce schéma, qui rappelle une conversation, est inédit dans le monde marin. Mais le but de ces échanges reste un mystère total.

Un phénomène étendu et ancien

D’abord enregistré dans les eaux de l’Antarctique, le Bio-Duck a depuis été capté au large de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et dans d’autres zones océaniques. En 2014, grâce à des balises acoustiques fixées sur des cétacés, les scientifiques ont établi un lien avec les petits rorquals de l’Antarctique (Balaenoptera bonaerensis). Cependant, des sons similaires enregistrés dans des régions où ces baleines n’ont jamais été observées posent encore problème. Cela pourrait indiquer qu’une autre espèce, potentiellement inconnue, produit également ces sons.

Chapman a également identifié un autre son semblable mais plus aigu, surnommé le « Bio-Goose », audible autour de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Ces découvertes, bien qu’initialement surprenantes, renforcent l’hypothèse d’une origine biologique. « À l’époque, l’idée qu’un son aussi régulier puisse provenir d’un animal semblait invraisemblable », reconnaît Chapman. Mais les recherches ont prouvé le contraire, révélant une complexité acoustique fascinante dans les profondeurs océaniques.

Un mystère aux multiples questions

Même si le Bio-Duck est principalement associé au petit rorqual de l’Antarctique, son rôle reste énigmatique. Pourquoi ces cétacés produisent-ils ces sons ? S’agit-il de signaux de navigation, d’appels sociaux, ou de dialogues liés à la chasse ou à la reproduction ? « Peut-être discutent-ils du dîner, ou échangent-ils entre parents et enfants », plaisante Chapman. « Ou peut-être commentent-ils simplement ce drôle de bateau qui traîne une longue corde derrière lui. »

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Une exploration encore inachevée

Malgré les avancées technologiques, les océans demeurent l’un des environnements les plus mystérieux de notre planète. On dit souvent que nous en savons plus sur Mars que sur les fonds marins. Le Bio-Duck, et plus généralement l’univers sonore des cétacés, illustre à quel point les profondeurs recèlent des comportements animaux que nous ne comprenons pas encore.

Alors que les chercheurs poursuivent leurs analyses, le Bio-Duck demeure un rappel saisissant des mystères insondables qui peuplent nos océans. Peut-être qu’un jour, nous comprendrons enfin ces conversations sous-marines dignes de légendes de leviathans. En attendant, le mystère persiste, alimentant autant la science que l’imagination.