Depuis une vingtaine d’années, des pieds humains souvent encore dans leur chaussure se retrouvent lavés sur les plages du nord-ouest du Pacifique, aux États-Unis et au Canada. Les origines de ces découvertes macabres semblent liées aux progrès réalisés dans la technologie des chaussures de sport.
Tout a commencé le 7 août 2007. À l’époque, une jeune fille de douze ans en visite sur l’île Jedediah avec son père fait une découverte macabre sur la plage : un pied humain encore dans sa chaussette, le tout enfilé dans sa chaussure de sport noire et blanche de marque Adidas. Quelques jours plus tard, le 26 août, un couple fait une découverte similaire sur l’île Gabriola, en Colombie-Britannique (Canada). Là encore, c’est un pied humain toujours enfilé dans sa chaussure de sport de marque Reebok.
Depuis, les découvertes s’enchaînent, tantôt sur les îles Valdes, Kirkland ou Westham, au Canada, tantôt le long de l’État de Washington, aux États-Unis, quelques kilomètres plus bas. Depuis 2007, une quinzaine de pieds humains ont ainsi été retrouvés, le plus souvent dans des chaussures de sport. Comment expliquer ces événements ?
Victimes de tsunamis, de crashs aériens ou d’un tueur en série ?
De nombreuses théories ont été avancées au cours de ces dernières années. Certains ont évoqué une catastrophe aérienne ou maritime, notamment le crash d’un avion sur l’île Quadra en 2005 dont les quatre occupants n’avaient pas été retrouvés. Très vite, la piste a toutefois été écartée. D’autres ont proposé que ces restes humains pouvaient provenir de victimes du tsunami de 2004 essuyé dans l’océan Indien. Là encore, cette explication ne tient pas longtemps. Et pour cause, il s’avère que certaines personnes identifiées par leur ADN sont des victimes locales. Enfin, certains ont également évoqué la piste d’un tueur en série. Or, jusqu’à présent, aucune origine criminelle n’a pu être prouvée.
Sur les quatorze pieds remontés le long de la côte au fil des ans, la coroner Barb McLintocken en a identifié dix comme appartenant à sept personnes. Les autres pieds, dont deux pourraient appartenir à la même personne, étaient malheureusement trop dégradés pour permettre une identification. Toujours est-il que, d’après elle, les causes de ces décès sont soit des suicides, soit des accidents. De leur côté, les anthropologues légistes travaillant avec la coroner n’ont isolé aucun signe de traumatisme.
Pourquoi que les pieds ?
Lorsqu’un corps se retrouve en mer, il coule au fond de l’océan avant d’être attaqué par des charognards. La plupart sont assez paresseux et préféreront s’attaquer aux parties les plus molles du corps. Et chez l’Homme, les parties molles comprennent les chevilles, principalement composées de tissus mous et de ligaments. Or, si vous grignotez une cheville, le pied finira par se détacher avant qu’une décomposition majeure ne s’installe.
Des chaussures de plus en plus légères
Quant à savoir pourquoi le phénomène ne s’est vraiment produit qu’à partir 2007, Barb McLintock évoque l’évolution de l’industrie des chaussures de sport. Au cours de ces dernières décennies, les baskets ont en effet été fabriquées avec des matières de plus en plus légères. En outre, certaines paires proposent également des poches d’air à l’intérieur des semelles. En conséquence, les chaussures de sport ont tendance à flotter davantage.
Autrement dit, d’autres pieds et leur chaussure se sont très certainement désolidarisés de leur corps au cours des années précédent la première découverte. Mais à l’époque, ils coulaient tout simplement au fond de l’océan. Une autre explication évoquée concerne les courants marins particuliers de la région. Les eaux du nord-ouest du Pacifique sont connues pour leurs forts courants, capables de transporter des objets et des débris sur de longues distances. Il est possible que les pieds, une fois détachés du reste du corps, soient emportés par ces courants, ce qui expliquerait pourquoi ils finissent tous par échouer dans une même zone géographique. La flottabilité des chaussures modernes permettrait ensuite à ces pieds de rester à la surface de l’eau jusqu’à ce qu’ils soient finalement déposés sur les plages.