Le mystère des « îles magiques » de Titan enfin résolu

La sonde Cassini repérait en 2014 d’étranges structures qui apparaissaient puis disparaissaient sur la surface de Ligeia Mare, la deuxième plus grande mer de Titan, la lune de Saturne. Ces « îles magiques » ont enfin leur explication.

Titan fascine même si tous les regards sont aujourd’hui tournés vers Encelade. Dotée d’une atmosphère dense qui contient 5 % de méthane, mais surtout en raison de sa température avoisinant les -180 °C, de grandes étendues d’éthane et de méthane liquides qui tapissent la surface, la lune de Saturne intriguait les chercheurs en 2014 lorsque ceux-ci avaient repéré à plusieurs reprises d’étranges structures apparaissant et disparaissant au gré des survols des mers des régions polaires en analysant les données renvoyées par la sonde Cassini, en orbite dans le système saturnien depuis 2004. Ces « Magic Islands », comme les ont surnommées les scientifiques, viennent aujourd’hui de trouver une explication.

Nasa

Une équipe de chercheurs menée par Daniel Cordier, du groupe de spectrométrie moléculaire et atmosphérique (GSMA) de Reims, détaille en effet dans la revue Nature Geosciences les remontées périodiques à la surface de bulles de gaz de diazote (N2), un cas de figure bien connu de l’industrie pétrolière terrestre. Sur Titan comme sur Terre existe un jeu de courants alimenté par des différences de température et de densité entre les différentes composantes marine (sur Titan, il s’agit d’éthane et de méthane), ce qui provoque un brassage lent des masses liquides. Ligeia Mare compose avec ce brassage. Des couches de méthane contenant de l’azote dissous s’enfoncent parfois et rencontrent des couches d’éthane situées plus en profondeur. Dans certaines conditions, le mélange liquide se « désintègre » et les trois ingrédients se séparent : le méthane liquide, l’éthane liquide et l’azote qui forme alors des bulles. C’est une sorte d’équilibre liquide-liquide-vapeur (ELLV).

Selon les chercheurs, ce phénomène chimique peut effectivement se produire sur Titan. Dans ce cas, des bulles de cinq centimètres de diamètre se forment puis remontent à la surface, faisant bouillonner la mer. Vue du ciel, la surface se « rehausse », formant ainsi des structures qualifiées de petites « îles éphémères ». Il n’en est donc rien et ce sont simplement de grosses bulles résultant d’une chimie très complexe.

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