Le « mystère Bételgeuse » est officiellement résolu

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La célèbre géante rouge Bételgeuse. Crédits : Pixabay

De nouvelles images de la surface de l’étoile prises à l’aide du Very Large Telescope de l’ESO ont permis de comprendre les récentes et mystérieuses baisses de luminosité de l’étoile Bételgeuse. Le coupable est un gigantesque nuage de poussière.

Bételgeuse, une supergéante retrouvée dans la Constellation d’Orion, est une étoile en fin de vie susceptible d’exploser au cours des 100 000 prochaines années, d’où l’intérêt des astronomes lorsque l’objet, plus petit et plus proche qu’on ne le pensait, a commencé à présenter des baisses de luminosité irrégulières dès décembre 2019, suggérant un début d’instabilité.

D’autres baisses importantes de luminosité ont également été enregistrées entre les mois de janvier et mars 2020, au point que Bételgeuse, normalement classée 10e sur le tableau des étoiles les plus brillantes du ciel nocturne, avait été rétrogradée au 21e rang !

Pour expliquer ces gradations, certains ont avancé que Bételgeuse, une étoile dite « variable » (dont la luminosité varie au fil du temps), avait essuyé un épisode de fluctuation exceptionnelle. D’autres ont en revanche suggéré que l’objet avait émis une grosse bouffée de gaz susceptible de lui avoir « fait de l’ombre ». Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature confirme cette seconde explication.

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Sur cette image “avant et après”, la luminosité de l’étoile paraît uniforme en janvier 2019. En revanche, elle semble s’estomper dans l’hémisphère sud au mois de décembre suivant. Crédits : ESO

De gaz à poussière

Dans le cadre de ces travaux, Miguel Montargès et son équipe ont utilisé l’instrument Spectro-Polarimetric High Contrast Exoplanet REsearch (SPHERE), installé sur le Very Large Telescope (VLT) de l’Observatoire européen austral (ESO), au Chili, pour imager directement la surface de Bételgeuse entre décembre 2019 et mars 2020. Le mois suivant, l’étoile avait retrouvé sa luminosité normale. Grâce à ces observations, les chercheurs ont découvert que la mystérieuse gradation de luminosité avait été causée par un voile poussiéreux ombrageant l’étoile.

La surface de Bételgeuse évolue régulièrement à mesure que des bulles géantes de gaz se déplacent, rétrécissent et gonflent à l’intérieur de l’étoile. Dans ce cas de figure, l’étoile aurait éjecté l’une de ces grosses bulles de gaz qui, alors que la surface de Bételgeuse commençait à refroidir, se serait condensée en poussière solide. « Nous avons directement assisté à la formation de « poussière d’étoile« , explique le Dr Montargès.

Les chercheurs attendent maintenant avec impatience la mise en service de l’Extremely Large Telescope (ELT) de l’ESO. « Avec la capacité d’atteindre des résolutions spatiales inégalées, l’ELT nous permettra d’imager directement Betelgeuse avec des détails remarquables« , écrivent-ils. « Cela élargira également considérablement l’échantillon de supergéantes rouges pour lesquelles nous pouvons résoudre la surface par imagerie directe, nous aidant davantage à percer les mystères derrière les vents de ces étoiles massives« .