Mordu par son serpent, il s’administre des électrochocs et fait avancer la science

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Crédits : OcusFocus - SteveMcsweeny / iStock (montage: Sciencepost)

Après s’être fait mordre par son serpent à sonnette en 1991, cet Américain a tenté de se soigner avec des électrochocs en se branchant sur la bougie d’allumage de sa voiture. Cette étonnante idée circulait alors parmi les possesseurs de serpents aux États-Unis comme remède contre le venin du reptile. Grâce à cette mésaventure, la science a finalement pu mettre fin à ces rumeurs avec un compte-rendu très sérieux infirmant l’efficacité de ce traitement de choc, et confirmant sa dangerosité sur la santé…

Première mauvaise idée : jouer avec son serpent à sonnette

Nommé par les médecins « Patient X », l’homme qui nous intéresse aujourd’hui est un ancien marine de l’armée américaine. Féru de reptiles, il possédait alors un impressionnant spécimen de serpent à sonnette. Il jouait même parfois avec son drôle d’animal de compagnie… jusqu’à ce que l’inévitable se produise. Un beau jour de 1991, le reptile le mord à la lèvre supérieure. Un venin mortel circule alors dans le corps du Patient X. Une course contre la montre s’enclenche pour sa survie. Néanmoins, il ne va pas tout de suite solliciter une aide médicale.

serpent à sonnette
Crédits : SteveMcsweeny / iStock

Deuxième mauvaise idée : brancher sa lèvre à la bougie d’allumage de son véhicule

Le Patient X appelle alors au secours… son voisin. Le voyant avec la lèvre enflée, celui-ci sait que l’heure est grave. En effet, au préalable, les deux hommes se sont entendus sur les réflexes à avoir en cas de morsure de serpent à sonnette. Ils appliquent alors le protocole découvert (et surtout mal compris) dans un magazine de randonnée. Une méthode que certains possesseurs de serpents de la région connaissent bien, mais que peu ont osé utiliser jusque-là.

Les deux hommes se dirigent vers la voiture du Patient X, soulèvent la carrosserie, ouvrent le capot. L’ancien marine se couche devant son véhicule. À l’aide d’une pince crocodile, son voisin relie sa lèvre supérieure à la bougie d’allumage du moteur. Puis il s’installe au volant. Bien décidé à sauver son ami, il met la gomme jusqu’à ce que le compteur de l’automobile affiche 3000 tours/minute. Dans l’espoir d’éliminer le venin de son serpent de compagnie, le Patient X subit cet étrange traitement par électrochocs pendant cinq longues et douloureuses minutes.

De mauvaises idées qui ont finalement fait avancer la science

En voyant le résultat de leur protocole, les deux hommes appellent enfin les secours. Le Patient X présente en effet un visage bouffi et marqué de multiples brûlures. En outre, le venin coule toujours dans ses veines. Après avoir été héliporté d’urgence à l’hôpital, deux médecins parviennent malgré tout à le sauver. Ils produisent par la suite un compte-rendu expliquant (et confirmant) que le traitement par électrochocs d’une morsure de serpent à sonnette est inefficace. Et surtout que ce type de blessure se soigne très bien avec l’administration d’un antivenin adapté…

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Le Patient X et ses deux sauveurs ont été récompensés en 1994 lors de la cérémonie des Ig-Nobel, les Nobels parodiques, dans la catégorie « médecine ». Anecdote croustillante, le Patient X et l’un des médecins qui l’ont soigné s’étaient déjà rencontrés quelques années avant l’incident. Alors qu’il était encore un soldat en poste sur l’île japonaise d’Okinawa, le futur Patient X s’était fait soigner par ce médecin… pour la morsure d’un serpent venimeux, le habu. Une mésaventure qui n’a, semble-t-il, pas refroidi son amour pour les bêtes écailleuses.