déchets radioactifs nucléaire
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La montée des eaux menace de faire ressurgir des déchets nucléaires datant de la Guerre Froide

Un rapport récent a rappelé l’urgence de nettoyer certains sites militaires abandonnés depuis la fin de la Guerre froide. Cette situation met en lien le réchauffement climatique et la dispersion de déchets nucléaires, et pourrait devenir très dangereuse dans plusieurs contrées d’ici plusieurs décennies.

Des sites aux Îles Marshall et en Espagne

Les Îles Marshall font partie de la Micronésie et ont été le théâtre de plus d’une soixantaine d’essais nucléaires menés par les États-Unis entre 1947 et 1958, en pleine Guerre froide. Il s’y trouve encore aujourd’hui un dôme de 115 m de diamètre pour 45 cm d’épaisseur qui abrite des déchets radioactifs. Sur place, les habitants dénoncent depuis les années 2000 une pollution massive de l’environnement en raison de fuites. Or, cela a évidemment un impact sur les écosystèmes et la santé humaine.

Un rapport de l’U.S. Government Accountability Office (GAO) publié le 31 janvier 2024 rappelle l’urgence du nettoyage des sites utilisés durant la Guerre froide. Les auteurs du rapport indiquent en effet qu’aujourd’hui, le réchauffement climatique pourrait favoriser une dispersion des déchets nucléaires et intensifier ainsi gravement le phénomène de contamination. Il faut dire que le fameux dôme aux Îles Marshall se trouve à seulement deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Ainsi, le site se trouve menacé par la montée des eaux.

En Andalousie (Espagne), un autre site est également exposé. L’armée des États-Unis y avait abandonné quatre bombes thermos-nucléaires en 1966. Or, si le lieu a été nettoyé depuis, les Américains ont tout de même laissé sur place pas moins de 50 000 mètres cubes de terre contaminée.

îles marshall
Les habitants des îles Marshall sont déjà impactés par des fuites de déchets nucléaires.
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Des déchets nucléaires inquiètent aussi au Groenland

Un troisième site inquiète fortement. Il se situe au Groenland et il n’y est pas question d’un dôme, mais d’une couche de neige dont l’épaisseur, environ 36 mètres, se réduit au fil du temps. Le fait est que la seule chose qui empêche les déchets radioactifs de contaminer l’environnement est justement cette couche de neige. Dans ce cas, la hausse du niveau de la mer n’est pas en cause, mais plutôt la fonte des glaces.

Les déchets en question proviennent d’une base de recherche militaire construite en 1959, puis abandonnée en 1967. Or, si les militaires ont évacué le réacteur nucléaire, le site abrite toujours l’enceinte de confinement du réacteur, mais également 240 000 litres d’eaux usées et 200 000 litres de fuel. Selon un scénario particulièrement pessimiste, les déchets pourraient s’écouler dans l’océan Atlantique vers 2090.

Malheureusement, le gouvernement américain ne semble pas pressé de mettre en place des solutions pour protéger ou nettoyer les déchets présents sur ces sites. Pourtant, les appels de la communauté internationale se font de plus en plus pressants.

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.