Montée du niveau des mers : vers une multiplication par 100 des risques en régions côtières

Crédits : Wikimedia Commons.

Pour de nombreuses zones côtières, les épisodes d’inondations et de submersions marines qui survenaient une fois par siècle pourraient survenir au moins une fois par an d’ici la fin du siècle. Et ce, même si le réchauffement climatique est limité à 1,5 °C. C’est en tout cas ce qu’indique une étude publiée dans la revue Nature Climate Change le 30 août dernier.

Avec le réchauffement du climat, le niveau moyen des mers s’élève. En effet, lorsque la température de l’eau augmente, cette dernière se dilate et occupe un volume plus important. À l’image du liquide des thermomètres qui se dilate et monte dans le tube lorsqu’on le chauffe. En outre, la fonte des glaces continentales transfère continûment de l’eau depuis les terres vers les océans.

Depuis 1900, le niveau moyen des mers a augmenté de 25 centimètres. Et cette hausse s’articule à un rythme de plus en plus rapide. Alors que l’élévation était d’environ 1 millimètre par an entre 1900 et 1990, elle est passée à plus de 3 millimètres par an vers le milieu des années 1990. Un phénomène que l’on doit en grande partie à une accélération des pertes de masse du Groenland et de l’Antarctique.

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Tendance de la hausse en millimètres par an, entre janvier 1993 et octobre 2019. On note que celle-ci n’est pas homogène. Source : AVISO.

Élévation du niveau des mers : des risques en évolution rapide

Dans la plupart des cas, les impacts de cette élévation surviennent surtout lors d’épisodes sensibles (tempêtes, ouragans, marées, etc.). La mer submerge alors brutalement des régions qu’elle n’atteignait pas avant, ou inonde des zones déjà exposées mais avec des fréquences et des intensités de plus en plus importantes.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs a évalué la façon dont évolueront les évènements extrêmes en termes de niveau de la mer en zone côtière. On entend par là des évènements qui survenaient jusqu’à présent une fois par siècle seulement. Dans leur étude, les auteurs ont considéré plus de 7200 sites répartis aux quatre coins du globe.

« Notre analyse a été formulée en termes de changement de période de retour, car les périodes de retour sont généralement la base de la conception des infrastructures de protection côtière et de la communication des risques » expliquent les auteurs dans leur publication.

Des régions côtières plus ou moins exposées

Les résultats montrent que pour la moitié des sites étudiés, le risque de connaître de tels épisodes sera multiplié par plus de 100 d’ici la fin du siècle. Autrement dit, les niveaux de la mer qui survenaient seulement une fois par siècle – au moment de l’arrivée d’une grosse tempête par exemple – surviendront au moins une fois par an en seconde partie de siècle. Et ce même si les objectifs de limiter le réchauffement climatique sous 2 °C sont tenus.

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Crédits : pxhere.

« Cette augmentation de la fréquence des niveaux extrêmes de la mer se produira même avec une augmentation de la température mondiale de 1,5 °C », relate Ebru Kirezci, un des coauteurs de la présente étude. « Et les changements sont susceptibles de se produire plus tôt que la fin du siècle, de nombreux endroits connaissant une multiplication par 100 des événements extrêmes, même d’ici 2070 ».

Cependant, il faut noter que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. En effet, les zones littorales les plus exposées se situent dans la ceinture tropicale, en Australie et autour de la Méditerranée et de la péninsule Arabique. À l’inverse, aux hautes latitudes de l’hémisphère sud et surtout de l’hémisphère nord, certaines régions côtières ne voient presque aucune augmentation de ce risque, même avec des niveaux de réchauffement global très élevés (4 °C à 5 °C).

« Les décideurs publics devraient prendre note de ces études et travailler à l’amélioration des mesures de protection et d’atténuation au niveau des côtes. Construire des digues, se retirer des rivages et déployer des systèmes d’alerte précoce sont quelques-unes des mesures qui peuvent être prises pour s’adapter à ce changement », note le coauteur.