Des « montagnes » cinq fois plus grandes que l’Everest trouvĂ©es au plus profond de la Terre

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Crédits : Rost-9D/istock

L’Everest est la plus haute montagne au-dessus du niveau de la mer, tandis que le Mauna Kea est la plus Ă©levĂ©e si l’on mesure depuis sa base qui est situĂ©e sur le plancher ocĂ©anique. En revanche, si vous plongez dans les profondeurs de la Terre, vous vous confronterez Ă  des « montagnes » encore bien plus imposantes.

Ă€ environ 3 200 km sous la surface, le manteau rocheux de la Terre rencontre son noyau externe mĂ©tallique en fusion. Les chercheurs pensent que d’importants changements de propriĂ©tĂ©s physiques sont Ă  l’Ĺ“uvre Ă  travers cette frontière. Cependant, examiner la composition de cette rĂ©gion Ă  grande Ă©chelle n’est pas une mince affaire.

Pour ce faire, les géologues utilisent les ondes sismiques qui sont générées par les tremblements de terre. Nous savons que ces ondes se déplacent à différentes vitesses à travers différents états de la matière, ce qui peut être mesuré et cartographié.

En gĂ©nĂ©ral, ces stations de recherche sont basĂ©es dans les coins les plus reculĂ©s du globe. Dans le cadre de travaux menĂ©s en Antarctique, des chercheurs ont collectĂ© des donnĂ©es pendant trois ans Ă  partir d’une vingtaine de tremblements de terre. Ils ont alors pu sonder en haute rĂ©solution une grande partie de l’hĂ©misphère sud pour la première fois.

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ReprĂ©sentation des ondes sismiques des tremblements de terre dans l’hĂ©misphère sud renvoyĂ©es depuis la frontière noyau-manteau de la Terre pour ĂŞtre enregistrĂ©es par des capteurs en Antarctique. CrĂ©dits : UniversitĂ© d’État de l’Arizona.

D’anciens fonds marins ocĂ©aniques

En examinant les donnĂ©es, les chercheurs ont identifiĂ© des signaux inattendus qui, après avoir Ă©tĂ© cartographiĂ©s, ont rĂ©vĂ©lĂ© une couche variable de matĂ©riau mesurant plusieurs dizaines de kilomètres d’Ă©paisseur. Les propriĂ©tĂ©s de ce revĂŞtement anormal de la frontière noyau-manteau se caractĂ©risaient par de fortes rĂ©ductions de la vitesse des vagues d’ondes, ce qui a conduit les chercheurs Ă  dĂ©finir cet environnement comme une « zone Ă  ultra-faible vitesse ».

Pour les chercheurs, ces zones pourraient ĂŞtre expliquĂ©es par d’anciens fonds marins ocĂ©aniques ayant coulĂ© jusqu’Ă  la limite noyau-manteau. Nous savons en effet que la matière ocĂ©anique peut ĂŞtre transportĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de la planète lorsque deux plaques tectoniques se rencontrent, entraĂ®nant l’une Ă  plonger sous l’autre (zones de subduction). Au fil du temps, ces accumulations de matĂ©riaux ocĂ©aniques subductĂ©s se retrouveraient alors « poussĂ©s » par la roche qui s’Ă©coule lentement dans le manteau.

Pour les chercheurs, qui dĂ©taillent leurs travaux dans la revue Science Advances, ces zones pourraient ĂŞtre considĂ©rĂ©es comme des montagnes le long de la frontière noyau-manteau, avec des hauteurs allant d’environ de moins de cinq kilomètres Ă  plus de quarante kilomètres, ce qui reprĂ©sente environ cinq fois la hauteur de l’Everest.

Ces « montagnes » souterraines pourraient Ă©galement jouer un rĂ´le important dans la façon dont la chaleur s’Ă©chappe du noyau afin d’alimenter le champ magnĂ©tique. Il serait Ă©galement possible que ces matĂ©riaux d’anciens fonds ocĂ©aniques puissent parfois remonter en surface sous forme de panaches jaillissant Ă  travers les Ă©ruptions volcaniques.