Une momie d’un enfant Inca sacrifié révèle l’histoire génétique perdue de l’Amérique du Sud

Crédits : Wikipedia

L’analyse génétique d’une momie d’enfant inca sacrifié dans les Andes il y a 500 ans révèle une diversité génétique importante, depuis disparue.

C’est en 1985 que des randonneurs escaladant la montagne de l’Aconcagua, le point culminant de toute la cordillère des Andes avec 6962 mètres d’altitude), ont trébuché sur le cadavre congelé d’un garçon de 7 ans, sacrifié dans le cadre d’un rituel inca il y a plus de 500 ans, et naturellement momifié depuis. Il y a quelques jours, une nouvelle analyse génétique révélait que le jeune homme appartenait à une population indigène sud-américaine disparue avec l’arrivée des colons européens au moment de la Conquête.

Chez les Incas, les montagnes sont des demeures divines. Pour conjurer leurs peurs (séismes, éruptions volcaniques, disparition du soleil), les Incas procédaient à des offrandes d’enfants appelés capacocha, ou sacrifices royaux. Plusieurs de ces momies ont été retrouvées sur les cimes des montagnes de la Cordillère, mais ce garçon est « l’un des mieux conservés », explique Antonio Salas, spécialiste de la génétique humaine à l’Université de Santiago. Tellement bien conservé d’ailleurs, qu’il contenait encore des traces ADN.

Les chercheurs ont alors extrait les 37 gènes mitochondriaux complets du génome. Le séquençage ADN de cette momie conservée à l’université nationale de Cuyo, dans la ville de Mendoza, a pu être effectué à partir d’un minuscule échantillon de poumons (350 mg). Et après analyses, il s’est avéré que ce jeune homme avait un génome encore inconnu.

Les résultats publiés dans la revue Scientific report révèlent son appartenance à un sous-groupe paléo-indien, les plus anciens habitants du continent, disparu aujourd’hui après avoir été présents au Pérou dès 14.300 ans. Ce même profil génétique a également été retrouvé sur une momie Wari (1100 après J.C), un peuple antérieur aux Incas. Cet haplotype, baptisé C1bi, serait encore présent chez de très rares personnes. Trois d’entre elles seulement ont été identifiées en Bolivie (chez des Aymaras) et au Pérou. Ce qui pourrait en partie s’expliquer par un échantillonnage insuffisant des populations modernes.

Selon le magazine, l’ensemble du génome nucléaire de cet enfant, ainsi que tous les microbes préservés dans son intestin devraient être également séquencés. Les chercheurs comptent en effet se livrer à la première analyse du microbiome d’une momie et celle des germes infectieux qu’elle aurait pu conserver. De prochains résultats devraient donc suivre.

Sources : ScienceMagScientific reportS & A

  • Crédits photo :  ©Nature / Université de Cuyo (Argentine)