Des molécules organiques découvertes dans les restes d’un dinosaure

dinosaure
Crédits : Zheng Qiuyang

Les cellules d’un dinosaure vieux de 125 millions d’années ont été si bien préservées que des molécules organiques ont survécu dans le noyau de l’une d’entre elles. On ignore encore si des restes d’ADN pourraient avoir été préservés. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Communications Biology.

La préservation des noyaux cellulaires sur des espèces éteintes depuis longtemps est assez rare, notamment en raison de la fragilité des acides nucléiques, qui mènent ces noyaux à se dégrader très rapidement après la mort. La littérature paléontologique propose néanmoins quelques rapports histologiques de tissus fossiles avec des noyaux parfaitement préservés. Ces exemples comprennent des noyaux de mammifères cénozoïques conservés dans le pergélisol, de dinosaures mésozoïques, de diverses plantes cénozoïques, mésozoïques et paléozoïques, et même des amas de cellules fossiles de type embryonnaire datant de plus de 600 millions d’années.

Plus récemment, une équipe de chercheurs de l’Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie a concentré ses efforts sur la préservation cellulaire et nucléaire dans du matériel de cartilage de dinosaure, s’appuyant sur un morceau de cartilage articulaire fémoral d’un spécimen de Caudipteryx vieux de 125 millions d’années.

Caudipteryx dinosaure
Reconstitution du squelette de trois Caudipteryx.
Crédits : Jaime A. Headden

Des fils de chromatine préservés

Ce dinosaure théropode à plumes, proche d’Oviraptor, avait la taille d’un paon. Il évoluait sur les rives des lacs de la province du Liaoning, au nord-est de la Chine. À l’époque, la région était fortement volcanique. De fines cendres ont alors enseveli plusieurs de ces animaux, ce qui a permis de remarquablement préserver leurs fossiles, dont certaines cellules individuelles.

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont coloré ces cellules avec de l’hématoxyline, qui se lie aux noyaux cellulaires. Dans l’une d’entre elles, ce processus a révélé non seulement un noyau avec des biomolécules intactes, mais également des fils de chromatine. Pour rappel, la chromatine est une structure complexe que l’on trouve dans le noyau des cellules, et qui se constitue d’ADN et de protéines.

De l’ADN conservé ?

Naturellement, cela ne signifie pas que l’ADN pourrait avoir survécu, et encore moins que nous pourrions le séquencer. Néanmoins, les chercheurs pensent qu’il pourrait y avoir une chance. En cas de succès, ces travaux représenteraient alors une opportunité d’en apprendre davantage sur la génétique des dinosaures. Rappelons que cette même équipe de chercheurs avaient déjà dévoilé l’année dernière avoir isolé de l’ADN de dinosaure dans un crâne de bébé hadrosaure. L’annonce avait néanmoins suscité beaucoup d’interrogations.

Gardons tout de même la tête froide. À ce jour, le plus ancien ADN séquencé remonte à 1,2 million d’années. Isolé de l’ADN vieux de 125 millions d’années serait donc très, très étonnant. Ces travaux montrent néanmoins qu’une partie de la biochimie nucléaire d’origine est bel et bien préservée dans ce matériau de cartilage de dinosaure, ce qui n’est pas rien. Ils appuient également l’hypothèse selon laquelle le cartilage, sujet à la fossilisation nucléaire, et un candidat parfait pour mieux comprendre la préservation de l’ADN ancien.