Selon une spécialiste des maladies infectieuses, la lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine pourrait bientôt connaître un virage très important. Elle pense en effet qu’il serait possible d’intervenir directement sur le génome humain à l’aide des célèbres ciseaux génétiques Crispr-Cas9 afin de détruire le VIH dans l’organisme.
Effectuer des coupes dans l’ADN
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) demeure un problème majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Environ 40 millions de personnes vivaient avec le virus fin 2022 et depuis son identification en 1983, il a entraîné entre 32,9 à 51,3 millions de décès. Par ailleurs, le traitement de l’infection par le VIH s’appuie sur une association quotidienne de plusieurs médicaments antirétroviraux (ARV), en général trois (trithérapie). Or, ces médicaments empêchent la multiplication du virus dans l’organisme. Autrement dit, il s’agit d’une affection chronique maîtrisable. En revanche, le traitement ne permet pas d’éliminer le virus.
Et s’il était possible de faire disparaître complètement le virus du VIH de l’organisme ? Dans un article publié le 19 mars 2024, le magasine New Scientist a interrogé Elena Herrera Carrillo, professeure et chercheuse spécialiste des maladies infectieuses au sein de l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas). Or, selon l’experte, il existerait une possibilité de modifier le génome humain afin tuer le virus. Avec son équipe, elle a en effet développé une méthode ayant recours aux ciseaux génétiques Crispr-Cas9. Cette technique permet d’effectuer des coupes dans l’ADN d’un patient afin d’y effectuer des modifications. Pour les chercheurs, la découverte de cette méthode pourrait représenter une avancée importance en matière de stratégie et de traitement du VIH.
Cibler le VIH en sommeil
Il s’avère qu’au moment de l’infection, le VIH s’insère dans l’ADN des patients. Ainsi, tout oubli dans la prise des antirétroviraux peut s’avérer fatal. Le virus pourrait se réveiller et se répandre dans le système immunitaire, avec les horribles conséquences que nous lui connaissons. En ciblant certains globules blancs, le VIH affaiblit en effet les défenses immunitaires, ouvrant ainsi la porte à diverses infections et maladies comme la tuberculose et certains cancers.
L’objectif de la méthode d’Elena Herrera Carrillo est donc de cibler le virus en sommeil et de le détruire après la modification de certaines séquences ADN. Il est donc ici question d’une sorte de thérapie génique. Par ailleurs, si pour l’heure aucun test n’a eu lieu sur des humains, les travaux menés en laboratoires ont montré qu’il était possible de faire disparaître toute trace du virus.
En attendant d’éventuels premiers tests incluant des patients humains, la méthode sera présentée au prochain Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses qui se tiendra à Barcelone (Espagne) du 27 au 30 avril 2024.