La question de savoir si nous sommes seuls dans le cosmos est un sujet qui intrigue profondément l’humanité. Depuis les années 60, l’astronome Frank Drake a proposé une équation aujourd’hui célèbre pour tenter de calculer le nombre de civilisations extraterrestres dans la Voie lactée. Toutefois, une équipe de chercheurs dirigée par l’Université de Durham, au Royaume-Uni, a récemment développé un tout nouveau modèle qui permet de calculer non seulement les chances de vie dans notre propre Univers, mais aussi potentiellement au-delà.
L’équation de Drake : un premier pas vers l’estimation de la vie intelligente
Formulée en 1961 par l’astronome américain Frank Drake, l’équation de Drake a constitué l’un des premiers efforts scientifiques pour estimer la probabilité de l’existence de civilisations extraterrestres. Elle prend en compte plusieurs paramètres, notamment le taux de formation d’étoiles dans notre galaxie, la fraction de ces étoiles qui possèdent des planètes, la fraction de ces planètes qui peuvent potentiellement soutenir la vie et enfin, la durée de vie moyenne d’une civilisation technologiquement avancée. Ces facteurs sont tous fondamentaux pour comprendre si des civilisations intelligentes peuvent se développer et perdurer dans notre propre galaxie.
Cependant, l’un des principaux défis de l’équation de Drake réside dans le fait qu’elle se limite à notre galaxie, la Voie lactée. Elle cherche à estimer le nombre de civilisations dans une seule galaxie, sans prendre en compte les vastes inconnues du reste de l’Univers qui pourrait receler d’autres formes de vie. De plus, certains paramètres cosmiques essentiels, comme l’énergie noire, sont absents de cette équation.
Un modèle élargi à l’échelle de l’Univers et au-delà
C’est ici que le nouveau modèle proposé par les chercheurs de l’Université de Durham marque une avancée significative. Au lieu de se concentrer uniquement sur des paramètres locaux, ce modèle élargit en effet la question à l’ensemble de l’Univers observable et même à l’idée plus audacieuse du multivers où il pourrait exister des univers parallèles avec des lois physiques différentes.
Ce modèle ne cherche pas à calculer un chiffre exact comme le faisait l’équation de Drake. Il propose plutôt une approche qui vise à estimer les conditions nécessaires à l’émergence de la vie intelligente dans des contextes beaucoup plus vastes qui incluent des univers au-delà du nôtre.
L’impact de l’énergie noire sur la vie
L’une des découvertes majeures du modèle de Durham repose sur l’énergie noire, cette mystérieuse force qui représente plus des deux tiers de l’Univers et qui accélère l’expansion de l’espace. L’énergie noire influence la manière dont les galaxies et les étoiles se forment et pourrait jouer un rôle crucial dans les chances d’apparition de la vie.
Les chercheurs ont intégré cette force dans leur modèle, contrairement à l’équation de Drake qui l’ignorait, pour calculer l’impact de l’énergie noire sur la formation d’étoiles et par conséquent sur les chances de développement de la vie. Les résultats sont surprenants : selon le modèle, notre Univers tel que nous le connaissons ne semble pas être l’endroit le plus favorable à l’émergence de la vie.
En effet, le modèle indique que dans des univers avec une densité d’énergie noire plus élevée, les chances de formation de la vie intelligente seraient plus importantes. Plus précisément, l’approche consiste à calculer la fraction de matière ordinaire convertie en étoiles tout au long de l’histoire de l’Univers, en fonction de différentes densités d’énergie sombre. Le modèle prédit que cette fraction pourrait être d’environ 27 % dans un univers très efficace pour former des étoiles, contre seulement 23 % dans le nôtre.
Repenser notre place dans l’Univers
Cela signifie que notre Univers pourrait être un cas assez rare où la vie a tout de même émergé malgré des facteurs moins favorables à sa formation. Cette découverte soulève des questions fascinantes : si d’autres univers existent, leurs conditions pourraient-elles être plus propices à la vie ? Et si oui, quel serait l’avenir de la recherche pour y découvrir la vie intelligente ?
Ce modèle ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour la recherche scientifique en élargissant l’horizon de l’étude à d’autres univers ou à des univers aux propriétés physiques différentes. Cette approche offre une vision bien plus globale et dynamique des chances de voir émerger la vie intelligente, loin des limites de l’équation de Drake qui se concentrait uniquement sur notre propre galaxie. En repoussant les frontières de la cosmologie, ce modèle pourrait potentiellement transformer notre compréhension de la vie dans l’Univers et dans des réalités alternatives où les lois de la physique pourraient être très différentes.