La mission JUICE pourrait-elle identifier la vie sur Ganymède ?

JUICE Ganymède
Vue d'artiste du vaisseau spatial JUICE survolant la lune Europe. Crédits : ESA/ ATG MediaLab

Après son décollage prévu ce jeudi 13 avril, la mission Jupiter Icy Moons Explorer (JUICE) fera un voyage de huit ans en direction de Jupiter et de ses lunes. Quels seront les principaux objectifs de la mission ? Pourrait-elle identifier la présence de vie sur place ?

Le décollage de la mission est prévu pour ce jeudi depuis la Guyane. Lancée par une fusée Ariane 5, elle n’arrivera sur place qu’en 2031 pour plusieurs raisons. Une fois sur place, la sonde fera des survols de Jupiter et de trois de ses lunes : Europe, Callisto et Ganymède. Et pour cause, les données des différentes sondes qui les ont déjà survolées suggèrent qu’elles pourraient abriter des océans recouverts de coquilles de glace de plusieurs dizaines de kilomètres d’épaisseur.

JUICE étudiera ces lunes à une altitude de plusieurs centaines de kilomètres principalement pour mesurer leurs propriétés physiques et permettre aux scientifiques de confirmer l’existence de ces océans. Ces données aideront également à déterminer leur profondeur et à mieux comprendre leur composition chimique. Au cours de cette mission, l’attention sera surtout focalisée sur Ganymède. Cependant, il est fort probable que JUICE ne détectera pas la vie elle-même, à moins d’une énorme surprise.

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Ganymède survolée par la sonde JUNO. Crédits : Caltech/SwRI/MSSS/Kalleheikki Kannisto

Pourquoi les chercheurs sont-ils pessimistes ?

Parmi ces quatre lunes, une seule est réellement susceptible d’abriter la vie telle que nous la connaissons. Il s’agit d’Europe. Comme pour Encelade, la lune de Saturne, les scientifiques ont détecté des preuves de geysers d’eau pulvérisé vers le haut sur des kilomètres dans l’espace à travers des brèches fissurées dans la glace. Ces panaches indiquent qu’une source de chaleur doit être à l’œuvre à l’intérieur de ces deux lunes, augmentant la possibilité que des conditions favorables à la vie puissent exister en profondeur.

Bien que Ganymède ait également un océan qui contient potentiellement vingt-cinq fois plus d’eau que tous les océans terrestres réunis, cette source d’eau est cependant enfouie beaucoup plus profondément que celle d’Europe. Par ailleurs, à la différence de cette dernière qui est probablement en contact avec le noyau rocheux de la lune, l’océan de Ganymède semble niché en sandwich entre deux couches de glace épaisses. Cette eau n’est donc pas en contact avec le noyau rocheux, ce qui veut dire qu’elle est probablement très pauvre en nutriments. Or, il s’agit d’une condition essentielle pour le développement de la vie telle que nous la connaissons.

La taille de Ganymède (5 200 km) associée à sa plus grande distance de Jupiter (1 070 000 km par rapport aux 671 000 km d’Europe) signifie également que l’intensité des forces gravitationnelles productrices de marée auxquelles cette lune est soumise est beaucoup plus faible que celles essuyées par Europe. Cela implique une faible activité thermique, et donc, là encore, une probabilité de vie plus faible. Les scientifiques sont d’ailleurs tellement convaincus que Ganymède n’abrite pas la vie qu’ils prévoient de faire écraser le vaisseau dessus à la fin de sa mission dans le but de préserver Europe d’une potentielle contamination terrestre.

Malgré tout, la mission JUICE reste essentielle. Ses dix instruments scientifiques permettront aux chercheurs de glaner une quantité surprenante d’informations sur l’océan intérieur de la lune. L’équipe de mission s’interroge notamment sa composition chimique. Les magnétomètres très sensibles de JUICE pourraient même révéler la quantité de sel dissoute à l’intérieur.